En entrant dans le lieu de création de l’artiste Kristine Girard, on est d’abord porté par l’intensité des peintures et par cette capacité qu’elle possède à créer de la lumière à travers la matière. Avec les immenses fenêtres entourant son atelier et la proximité de la rivière, le cadre est parfait. Il faut dire que la maison de luxe qu’elle loue pour travailler attire l’attention, perchée au sommet de la côte de Saint-Jean-Eudes, sur le boulevard du Saguenay à Jonquière.
Comme beaucoup de gens, lorsque je suis passé devant le bâtiment, j’ai été intrigué. Je suis passé par là plusieurs fois car mon atelier était au centre-ville de Chicoutimi. Il y a sept ans, j’ai décidé de laisser un petit mot sur la porte au propriétaire, disant que je trouvais l’endroit inspirant et que s’il y avait une possibilité de location, j’étais vraiment intéressé. Je me suis dit : « Rien de risqué, rien de gagné ! « Je n’ai pas reçu de réponse à ce moment-là. Quelques années plus tard, pendant la pandémie, j’avais besoin d’un nouveau lieu pour créer, alors j’ai retenté la démarche, avec le mot sur la porte, et en une heure, c’était réglé !
dit Kristine Girard.
Kristine Girard travaille dans un grand atelier situé au bord de la rivière Saguenay.
Photo : - / Julie Larouche
L’artiste occupe désormais cet espace vaste et ensoleillé. Elle y a installé une galerie ainsi qu’un atelier au sous-sol. Elle y peint de grandes toiles où elle immortalise la nature qui l’entoure avec sa palette colorée.
Voilà, c’est ce que j’ai voulu proposer à mes clients et à moi-même. Il fallait qu’il respire.
Je me sens tellement bien, c’est incroyable. Pour moi, il est important dans une démarche d’expansion de s’octroyer les plus beaux espaces à créer. C’est devenu mon endroit préféré, tout ce que je voulais est ici.
La passion comme moteur
La création fait partie de l’ADN de Kristine Girard. À l’âge de 13 ans, elle y investit toutes ses économies en achetant un jeu de peintures et un chevalet. Elle voulait être artiste pour exprimer ses émotions et ses humeurs. Sa volonté n’a fait que grandir.
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Julie Larouche a rencontré l’artiste Kristine Girard dans son atelier du quartier Jonquière.
Photo : - / Julie Larouche
Après des études en arts visuels à Jonquière, elle part découvrir les grandes maîtrises en histoire de l’art à l’Université de Montréal. Elle étudie également différentes techniques en cours particuliers, ce qui la prépare à son retour dans la région. Celle-ci est marquée par un passage dans le monde du cinéma, collaborant notamment avec le cinéaste d’animation duONF Patrick Bouchard.
Mon surnom à l’époque était « Kristine la patine », étant donné que j’avais vraiment la magie du médium, de pouvoir oxyder la matière, de pouvoir imiter le sang ou autre. Je suis devenu expert en patine et plusieurs projets sont arrivés. Nous avons réalisé trois projets de courts métrages d’animation
explique Kristine.
L’envie de se concentrer sur des projets personnels s’est imposée, lentement mais sûrement. Cela a toujours été une activité secondaire, sans pour autant constituer la majorité de mes moyens de subsistance. Cela a toujours été mon exutoire. Mais à un moment donné, je pense que je ne voulais plus être les mains des réalisateurs, je voulais que mes mains soient pour moi.
Ce qui constitue l’essence de la démarche de Kristine Girard, c’est de mettre la matière au premier plan.
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Une des peintures de Kristine Girard.
Photo : - / Julie Larouche
Le côté réactionnaire de la matière et le côté improvisé de la matière me permettront de la comprendre et de pouvoir y travailler. Aussi, avec le temps et la confiance dans la matière que je me suis donnée, je la décide, je la contrôle, je la façonne. Je l’aime ainsi, dans l’opacité et la transparence, je l’assume et le pose d’un geste.
Ce n’est pas le temps qui fera son oeuvre, c’est moi qui décide.
En 2018, l’Arvidienne a reçu un cadeau inestimable : elle a reçu une partie de l’héritage artistique du peintre Corno. Le matériau a été une grande source d’inspiration.
C’était une grande reconnaissance de la part de la famille. Émotionnellement, c’était beaucoup d’amour. La sœur de Joanne, Line, voyait une ressemblance entre l’artiste qui frappait aux portes, l’artiste qui travaillait dur, l’artiste qui voulait se faire connaître. Notre travail n’était vraiment pas le même, mais la femme l’était. Puis je suis tombé sur une exposition. C’était comme si Corno vivait en moi. L’énergie de Corno m’habitait, c’était fou cette période.
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La rose trémièreun autre tableau de Kristine Girard
Photo de : Galerie Corno
Pour l’année prochaine, la peintre souhaite consacrer encore plus de temps à ceux qui passent par son atelier.
La qualité avant la quantité est importante.
Je suis accueillante, j’aime prendre du temps avec les gens pour qu’ils apprécient mon travail et m’apprécient en tant qu’artiste
conclut-elle.
Le spectacle Entrez dans la bulle à propos de Kristine Girard sera diffusé le 5 janvier à 19h30