Saint Martin d’Aveyron, le chef-d’œuvre des compagnons de Vermorel

Saint Martin d’Aveyron, le chef-d’œuvre des compagnons de Vermorel
Saint Martin d’Aveyron, le chef-d’œuvre des compagnons de Vermorel

Ils sont arrivés avec « un trou dans la voûte et sont repartis avec la flèche en place et l’échafaudage démonté ». La société ruthène Vermorel était l’autre atelier régional de sculpture invité à Notre-Dame et ses hommes le racontent avec cœur.

« Nous sommes arrivés tous les trois le matin du 3 janvier 2023. Nous avions devant nous le pignon nord, des pierres noircies, rougies, qui avaient perdu leurs caractéristiques techniques. Leur démantèlement avait déjà commencé. »glisse Mathis Dessalles, le directeur des travaux. “Je suis venu un an plus tôt”au moment des appels d’offres, poursuit Quentin Muller : « Le pignon avait été sauvé juste avant qu’il ne s’effondre ; il commençait à tomber vers le côté de la rue lorsqu’il a été arrêté, emballé et sécurisé. Mais comme son alter ego du côté sud, adossé à la charpente brûlante du bras du transept, il fut si durement exposé aux flammes qu’il fallut le reconstruire avec de nouvelles pierres et de belles sculptures ornementales – détruites, endommagées, érodées. par le - ou manquant – retourné. C’est le prix remporté par l’entreprise ruthène Vermorel, associée à l’Atelier Bouvier, et qui les confronte ce matin froid.

Quentin Muller, le président de l’entreprise basée à Salles-la-Source, n’en doute pas, son équipe sait y faire, “c’est notre quotidien”. Il voulait ce chantier qu’il connaît « sans précédent en termes de poids symbolique. Notre-Dame est la référence ultime qu’une entreprise du patrimoine peut attendre en . Et j’étais convaincu que cela offrirait une exposition unique à nos métiers ; c’était le cas. “ Mais à ses côtés, ce 3 janvier, Mathis Dessalles avoue : “Vous êtes paniqué et étonné.” Et Nicolas Clerget, le responsable de l’atelier de sculpture Vermorel, “effrayé. Je ne me voyais pas là. J’étais un sculpteur de Rodez qui travaillait à proximité et qui allait être à Notre-Dame aux côtés des meilleurs du métier, ce n’était pas ma place. Et puis, on s’est retrouvé dos au mur et ça a amené un changement, il y avait une mission à remplir. Ce projet m’a marqué. »dit-il en se répétant : « Ce projet m’a marqué, j’y pense beaucoup. Je ne voulais pas aller à Paris et j’ai appris à aimer Paris.

La main serrée de Charles III

La photo souvenir que le profil Instagram de Nicolas Clerget a gardée pour ses proches est l’anecdote de son séjour dans la loge de sculptures installée par le porteur du projet sur le parvis de la cathédrale. Elle représente le roi Charles III d’Angleterre lui serrant la main, souriant, avec un chapiteau de colonne en arrière-plan. « Nicolas y a passé seize moispoursuit Mathis Dessalles, qui fut pendant toute cette période son associé parisien. Les pierres sont arrivées à la cathédrale. Il devait faire la première série (NDLR, la maquette que nous reproduirons, étant une pièce répétitive, guidée par les documents laissés par Viollet-le-Duc) et le faire valider par l’architecte en chef. Puis il a validé l’étalement des pierres fournies par les tailleurs (NDLR, le volume réservé dans les blocs pour les pièces à sculpter), qui fut ensuite transporté à Rodez »où les sculpteurs Vermorel ont créé les autres exemplaires de la série.

Il y avait une certaine routine, mais quand à la tombée de la nuit tu montes avec les menuisiers, tu te dis : « Ce qu’on fait est juste incroyable » (Nicolas Clerget, compagnon sculpteur)

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En tout, plus de 900 éléments sont sculptés, depuis le simple crochet ornant les tourelles des pignons nord et sud jusqu’aux chimères émergeant du “bestiaire effrayant” par Eugène Viollet-le-Duc. Parfois uniques, parfois exécutés par groupes de dix quand, « motifs végétaux répétitifs »ils mettent en valeur les grands axes des façades. « Des choses qui peuvent prendre un jour ou un mois »décrit le conducteur des travaux. « L’idée, dit Quentin MüllerC’était d’avoir le moins de monde possible à Paris – deux à cinq selon les époques – et de faire sculpter le plus de choses dans l’Aveyron. Dans l’atelier, nous avions jusqu’à douze personnes qui travaillaient.

«J’étais à Saint-Martin»

Côté travaux, il y aura le Saint Martin, magistral, 2,57 m et 850 kg, extrait d’un bloc de 2,5 t. « Il fallait seulement faire la frise végétale, le figuratif devait être fait à Paris et, comme je l’ai dit, je ne voulais pas y aller. Mais je suis resté là et je me suis détenduconfie Nicolas Clerget. Et on nous a fait confiance. On nous a confié des chimères, puis Saint Martin. Les architectes en chef croyaient pouvoir conserver la statue XIXe de la sainte en tenue épiscopale, près de la tourelle du pignon sud, avant d’admettre qu’elle avait trop souffert. « Même érodée, elle paraissait intacte, avec ses détails. Un support idéal. Ils l’ont sculpté à Salles-la-Source, autre marque de confiance accordée par le PE Rebâtir Notre-Dame. « C’était ma dernière « pierre » sur ce chantier. J’étais à Saint Martin. J’ai vécu de superbes moments avec lui, comme dans ma jeunesse de compagnon, seul face à mon travail d’accueil.n.»

Les hommes de Vermorel ont posé la statue à son emplacement un matin de fin avril 2024. “A 14h, nos valises étaient dans la voiture, c’était fini, on rentrait”rigole Mathis Dessalles. C’était leur “apothéose. Nous savions que nous pouvions fairesourit Quentin Muller. Cela ne veut pas dire que cela n’a pas été un défi… »

 
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