Les touristes qui croisent leur chemin ne résistent pas à la photo souvenir. Les Niortais peuvent s’y asseoir en attendant des amis pour une séance de cinéma. Un peu à l’image du dragon, ces deux femmes sont emblématiques de la ville de Niort. Cette sculpture monumentale, œuvre de l’artiste Franck Ayroles, a été inaugurée il y a cinq ans. Mais le chemin fut long avant que les deux dames ne s’asseyent sur leurs bancs. « Comme j’étais niortais, j’avais envie que ma première sculpture monumentale soit ici. »
« Nous devons prospérer grâce aux différences »
L’artiste a donc proposé son projet au nouveau maire de Niort, fraîchement élu en 2014, Jérôme Baloge. Il accepte, chargeant Franck Ayroles de trouver le financement. « Au début, comme c’était ma première, il y avait un peu de scepticisme, c’était compliqué de motiver les partenaires »il se souvient. Mais son projet, qu’il veut populariser, est séduisant. Ils impliquent les Niortais dans l’aventure. Il crée une maquette, la présente au cinéma CGR et laisse une boîte pour que chacun puisse donner son avis. Il reçoit ainsi plus de 3 000 messages, en comptant également les emails reçus. Le mouvement est en marche. Il lance un financement participatif et récolte plus de 12 000 €. « En récompense, tous ceux qui ont fait un don pourront retrouver leur nom sur la sculpture. »
Pour son projet, il s’appuie également sur l’expertise de Poujoulat pour la création d’une structure résistante. L’entreprise finance également le banc sur lequel les deux femmes discutent.
Une sculpture de Joséphine Baker en préparation
Franck Ayroles a travaillé pendant six mois pour réaliser la sculpture. Elle a été inaugurée le 30 novembre 2019. Depuis, il l’a créé pour d’autres villes : Les Demoiselles de Rochefort, Les baigneurs de Châtelaillon et Les filles par Bressuire. Une autre, représentant Joséphine Baker, est en projet, dans une ville pour l’instant tenue secrète.
La femme est le sujet de prédilection de l’artiste niortais. « J’ai perdu mes parents à l’âge de 17 ans, je me suis retrouvée seule avec ma grand-mère. J’ai beaucoup dessiné. Quand j’ai repris la peinture, j’ai fait des séries assez tristes avec des femmes. En fait, je dessinais ma mère qui me manquait, c’était une sorte de thérapie, mais je ne m’en rendais pas compte. »
Les femmes qu’il crée aujourd’hui, avec leurs courbes et leurs couleurs vives, inspirent la joie. Ils sont également porteurs de messages de dialogue, de respect et de liberté. « A Niort, je voulais absolument mettre deux femmes de couleurs différentes, une noire et une blanche. Je voulais rapprocher les hémisphères nord et sud. Nous sommes aujourd’hui dans une société qui veut se diviser. Je ne veux pas de cette compagnie. Nous devons prospérer grâce aux différences. »