à Paris, le Centre Pompidou rend hommage à l’œuvre méconnue du photographe de Chicago

à Paris, le Centre Pompidou rend hommage à l’œuvre méconnue du photographe de Chicago
à Paris, le Centre Pompidou rend hommage à l’œuvre méconnue du photographe de Chicago

Au vu de son audace expérimentale et de son inventivité, on se demande pourquoi la photographe américaine Barbara Crane (1928-2019), exposée il y a une quinzaine d’années à Paris par la galeriste Françoise Paviot, est restée aussi confidentielle en .

Espérons que l’exposition, si foisonnante, que le Centre Pompidou consacre aux vingt-cinq premières années de sa carrière, réparera cet oubli incompréhensible. D’autant que nombre de ses estampes, rassemblées là-bas, proviennent souvent de collections privées, le Musée d’Art Moderne n’ayant acquis que très récemment deux de ses séries. Et sans doute parce que Julie Jones, commissaire au Bureau Photographie de cet établissement et commissaire de l’exposition, s’est beaucoup intéressée à cet artiste hors du commun.

Dès la première salle, avec Série Néon (1969), on imagine le bonheur de la photographe lorsqu’elle s’est rendu compte que ça marchait, en superposant des films représentant des enseignes lumineuses dans la ville et des portraits de visiteurs d’un grand magasin, pris sur le vif !

De plus, avec Portail des Peuples du Nord (1970), on est frappé d’abord par son vaste inventaire d’expressions, de postures et de gestes des visiteurs, obtenu dans la salle (un équipement lourd et encombrant, elle qui ne mesurait que 1,56 m), puis par le fait qu’elle était positionnée face au nord. à l’entrée du Musée des Sciences et de l’Industrie de Chicago, puis par des plans très rapprochés de ces passants, obtenus à l’aide d’une caméra 35 mm, alors qu’ils franchissaient eux-mêmes les portes du musée.

Attentif aux liens humains

Ce faisant, et elle accumule quelque 20 000 photos, elle s’inscrit dans la célèbre tradition de la photographie de rue américaine. Et le spectateur sent que l’une des préoccupations de ce photographe, qui ne choisit décidément pas entre ambition documentaire et expérimentation formelle, est de privilégier l’humain, d’être attentif aux liens qui unissent les hommes.

Autre série marquante, Série de boucles (1976-1978) : un look très graphique, à la limite de l’abstraction, posé, grâce à sa lourde chambre 5×7 installée dans un sac de golf à roulettes, sur la cohabitation de l’ancien et du moderne dans le quartier d’affaires historique Loop de Chicago. Elle y passera deux ans. «J’étais fascinéelle l’admettra, par les couches aléatoires de textures, de tons et de plans, se mélangeant les uns aux autres pour former une explosion d’excitation visuelle. »

Les 14 séries présentées par le Centre Pompidou révèlent à quel point « il n’existe pas de style Barbara Crane ni de série emblématique, ce qui a sans doute joué en sa défaveur, car résistant à tout classement »estime Julie Jones.

Sainte Barbara Crane ! Suivis très tard, alors qu’elle élevait trois enfants et enseignait la photographie dans un lycée, les fameux cours d’Aaron Siskind donnés à l’Illinois Institute of Technology ont grandement influencé sa quête formelle, ce qui ne l’a pas empêché de terminer sa vie au plus près de la nature, dans un maison en bois au bord du lac Michigan…

« Barbara Crane », exposition jusqu’au 6 janvier 2025, au Centre Pompidou, Paris 4e. ENTRÉE LIBRE. Rens. : centrepompidou.fr

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