Entre exorcisme, évocation et traitement, l’art contemporain tourne autour des seins

Publié le 21 octobre 2024 à 21h51 / Modifié le 21 octobre 2024 à 21h52

On dirait un sein, mais ce « sein » émerge du mur comme une épine, pointue, capable – qui sait ? – de vous faire mal, malgré son apparente douceur, sa couleur chair, ses courbes. Épinel’œuvre ambiguë de Manon Wertenbroek, ouvre, en trois exemplaires, l’exposition Seins exprès qui se tient à l’Espace Arlaud à Lausanne. Épine met en valeur la beauté de cette partie du corps, mais rappelle aussi – indirectement – que c’est souvent là, au sein, que le cancer attaque. Devant, Aiguille, une sculpture en forme de seringue rose fuchsia installée par le duo RM évoque à son tour la vulnérabilité et le soin. Un étage plus haut, des créatures imaginées par Gina Proenza tirent effectivement la langue à la maladie (L’ami naturel2017). Non loin de là, apparaît également Alfredo Aceto, tirant la langue Oeuf-Humain I2022.

N’est-ce pas l’armure qui brille un peu plus loin ? Une sorte de cotte de mailles, réalisée au crochet, d’un fil irisé, qui semble offrir de quoi se protéger… C’est Tu es toutdes silhouettes blanches, pétillantes et sans aucun doute magiques créées par Emma Lucy Linford. Le public avance ainsi, découvrant les œuvres de 48 artistes contemporains, interpellés, secoués, parfois amusés, absorbés, oscillant entre angoisse et réparation, entre exorcisme et beauté, entre vitalité et perte. Le rose chair, fluo ou fuchsia, revient petit à petit, mais le noir est également très présent.