quand les graffeurs investissent l’espace public

quand les graffeurs investissent l’espace public
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Ce sont cinq lettres qui claquent aux quatre coins de l’espace urbain, en Touraine métropolitaine, suscitant étonnement et curiosité. « Plems », tag mystérieux, s’affiche à de multiples endroits, tous très visibles dans l’espace public, sur les immeubles, les maisons, les murs.

A Tours, au sommet d’un immeuble Sanitas, sur le pignon d’une maison visible depuis le boulevard Winston-Churchill, tout le long de la voie ferrée à proximité de l’avenue de Grammont mais aussi devant le parc BMX de Joué-lès-Tours , à Chambray-lès-Tours ou à La Riche. A chaque fois, dans un style différent.

Un hommage à un graffeur décédé ?

« Ce sont des graffeurs de Tours qui rendent un hommage posthume à ce graffeur, Plems, décédé en taguant un train.dit un ancien graffeur. Je sais que Plems était connu localement même s’il n’était pas tourangeau. »

Même sous couvert d’anonymat, il ne souhaite pas en dire plus. « Le monde du graffiti est secret, indique-t-il. Les gens risquent de lourdes peines. Mais les hommages posthumes sont courants dans le graffiti. Lorsqu’un graffeur décède, les proches ou amis qui l’ont rencontré lui rendent ainsi hommage. »

Le graffiti « Plems » est également visible le long des voies ferrées, à proximité de l’avenue de Grammont.
© Photo NR, Julien Pruvost

Au début des années 2000, en Touraine, le monde du graffiti commence à faire des vagues. Une association, Les Grabouilleurs, a même été créée pour tenter de faire sortir cette culture de l’ombre. Certains espaces ont même été officiellement ouverts aux tags et graffitis.

«Il y a désormais un patrimoine à Tours»

« Nous avons été très actifs, en faitse souvient Topaz, l’un des cofondateurs de l’association. Nous avons autorisé l’ouverture des murs à la Morinerie à Saint-Pierre-des-Corps notamment et dans le quartier Maryse-Bastié, à Tours. La base du graffiti est d’utiliser la ville comme terrain de jeu. Il existe désormais un patrimoine à Tours notamment. Le graffiti est une forme d’auto-promotion, il faut répéter un nom, le rendre visible à travers un lieu spectaculaire. Il faut que cela fasse impression. C’est une discipline née du hip-hop. Le tag, c’est une signature rapide avec une bombe, d’un seul coup. »

Encore un graffiti, cette fois sur le pignon d’une maison.
© Photo NR, Julien Pruvost

La culture du graffiti a ouvert la porte au street art, un genre légèrement différent, basé sur le dessin. Les passionnés de Touraine ont même désormais leur groupe Facebook ville Street Art Tours.

«Beaucoup de graffitis sont nettoyés»

Toujours dans l’ancienne clinique de Saint-Gatien, une trentaine d’artistes sont réunis dans une clinique Street Art. Cependant, le monde du graffiti reste secret et la pratique est souvent pratiquée illégalement.

« Il y a certains endroits où c’est toléré et parfois même officialiséajoute Topaze. Par exemple ce week-end, je participe à un Street Art Park à Candes-Saint-Martin. Mais même si les graffitis sont tolérés sous certains ponts ou à certains endroits, une grande partie est nettoyée par les collectivités. »

Taguer ou apposer des graffitis est en effet toujours considéré par la loi comme un acte de vandalisme. Les sanctions encourues vont jusqu’à une amende de 3 750 € et des travaux d’intérêt général.

Certains espaces, comme ici sous le pont Napoléon à Tours, sont devenus des lieux d’expression privilégiés pour les graffeurs.
© Photo NR, Julien Pruvost

Les communes de l’agglomération Touraine y sont confrontées, mais aussi Chinon et Loches. Loches où d’ailleurs, il y a quelques temps, la pratique faisait parler d’elle suite à l’intervention remarquée de Botero Pop, graffeur angevin. « Je viens régulièrement en Touraineexplique le graffeur. J’aime travailler sur des espaces identifiés à l’avance. A Loches, j’avais placé mes deux petits personnages, ça faisait un beau couple… Si j’arrive à faire sourire, c’est gagné. »

Un style qui tend davantage vers le street art mais qui reste rebelle. Évidemment!

 
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