Les multiples univers de Caroline Monnet

Les multiples univers de Caroline Monnet
Les multiples univers de Caroline Monnet

Comme la mode. Un monde avec lequel elle n’aurait jamais pensé flirter. Bien qu’il y a environ deux ans, l’artiste multidisciplinaire ait réalisé une photo, Échos d’un futur procheun portrait de femmes autochtones au look futuriste. Pour ce cliché, elle a créé les vêtements de chacun des modèles. Vêtements fabriqués à partir de matériaux de construction.

Une façon de combiner pour la première fois sa pratique en studio et la photographie, dit-elle.

« Un conservateur du Nouveau-Mexique a vu cette photo et m’a immédiatement demandé si j’étais intéressé à créer une collection complète de vêtements et à la présenter au défilé de mode du marché indien de Santa Fe. C’était vraiment son initiative. Je ne pense pas que cette idée me serait venue à l’esprit.

Échos d’un futur procheun portrait de femmes autochtones au look futuriste. Pour ce cliché, Caroline Monnet a créé les vêtements de chacun des modèles. Vêtements fabriqués à partir de matériaux de construction.

Une chose en entraînant une autre, les chanteurs Jeremy Dutcher et Elisapie lui ont demandé de créer des vêtements de scène. Cet engouement amuse sincèrement Caroline Monnet pour qui ce sont des sculptures vivantes.

« Ce n’est pas si loin de ma pratique artistique. J’étais déjà en train d’adopter le matériau de construction comme textile. J’ai commencé à faire du tissage et de la broderie. C’était juste une nouvelle exploration, voir jusqu’où je pouvais pousser le matériau pour créer des vêtements confortables à porter.

Sous-plancher, sous-toiture et membranes d’étanchéité et laine isolante, Caroline Monnet avoue avoir été très enthousiasmée à l’idée de combiner la production de haute couture avec celle de matériaux industriels réservés aux classes populaires.

Et en n’étant pas créatrice de mode, elle estime avoir eu la chance d’être déjà capitaine de sa pratique multidisciplinaire qui l’a entraînée à ne pas s’imposer de limites, à penser à des pièces qui peuvent aussi bien aller au musée qu’être portées.

« Je n’ai aucune connaissance en couture, je ne viens pas du milieu de la mode. Je m’entoure d’une équipe. Je travaille avec Yso South depuis plusieurs années et m’aide dans la création de patrons et la couture.

Échos d’un futur proche représente non seulement la diversité des nations autochtones, mais aussi la diversité des genres, des corps et des générations. En présentant la collection Échos au Nouveau-Mexique, les modèles ont été choisis parmi la diversité, la mixité et la pluralité, explique Caroline Monnet.

«C’est important pour moi. Il faut montrer au monde actuel que le monde de la mode ne peut pas être hermétique. Je pense que la mode permet de mettre le doigt dessus de manière plus spécifique. En arts visuels, c’est peut-être plus conceptuel. J’essaie d’abord de parler de moi et de ce que je sais. Mais mes œuvres parlent d’inclusion, d’égalité et de diversité.

— Caroline Monnet

Les courbes d’Amik

Caroline Monnet a également été approchée par Humble Nature, une marque de mobilier de luxe, pour explorer l’idée d’une collaboration pour créer une chaise.

« En tant qu’artiste, se voir demander de fabriquer une chaise reste assez emblématique. On connaît les grandes chaises de grands designers du monde entier, Herman Miller, Van der Rohe. J’étais déjà très sensible à ces objets. Je n’ai pas hésité une seule seconde à avoir l’opportunité d’avoir ma propre chaise.

Cette chaise s’inspire de l’histoire du castor géant. Amik, le nom de la collection, signifie « castor » en anishinaabemowin. Selon une légende anishinaabe, un castor géant aurait décidé de donner une leçon à l’esprit farceur Nanabush en frappant le sol avec sa queue, créant des vagues et menant à la formation des collines de l’Outaouais qui font partie du Bouclier canadien. Les courbes de la chaise Amik rappellent cette sensation de mouvement.

La chaise conçue par Caroline Monnet s’inspire de l’histoire du castor géant Amik, une légende anishinaabe. (Caroline Monnet)

Elle a souhaité que ce mobilier soit multigénérationnel, autant pour un aîné incapable de s’asseoir trop bas, que pour un couple qui peut se blottir en bas de courbe, ou encore pour un enfant qui joue en dessous de la courbe.

« Je voulais que cela crée un espace enveloppant et communautaire. »

Une fresque de 100 pieds

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) a également demandé à Caroline Monnet de créer une fresque exclusive pour accompagner l’exposition Alanis Obomsawin : Les enfants ont besoin d’entendre une autre histoire.

Sur le mur extérieur du MAC, la grande fresque photographique mesure 100 pieds et met en scène huit femmes autochtones, leaders de leur communauté. On pense à Elisapie, la soprano Elisabeth St-Gelais, le chef de la Première Nation Acho Dene Koe et l’artiste Swaneige Bertrand et sa fille Aja-Eyal Ferron, Caroline et sa sœur Émilie, la danseuse et chorégraphe Aïcha Bastien N’Diay, la l’artiste Virginia Pésémapéo Bordeleau et l’artiste visuelle Catherine Boivin.

L’œuvre revisite le mouvement artistique art nouveau, mouvement inspiré de la faune et de la flore dans un esprit de liberté et d’émancipation romantique. La murale, qui rend hommage à l’influence d’Alanis Obomsawin, s’intitule Wabigonqui signifie « fleur » en anishinaabemowin.

Avec un automne aussi chargé, Caroline Monnet avoue prendre un jour à la fois. Parce que son travail l’emmène aux quatre coins du monde comme si elle était en tournée. (Luana Failla)

« J’ai voulu mettre en valeur ces femmes autochtones de manière totalement décomplexée, lumineuse et prospective. C’est l’idée de cette fleur qui fleurit et s’épanouit. C’est un véritable hommage à Alanis Obomsawin et à tous les bourgeons qu’elle a semés au cours de son impressionnante carrière.

Avec un automne aussi chargé, Caroline Monnet avoue prendre un jour à la fois. Parce que son travail l’emmène aux quatre coins du monde comme si elle était en tournée.

« J’apprécie ce qui se passe et toutes ces belles opportunités. Normalement, un projet en entraîne un autre ou ouvre quelque chose d’autre. C’est passionnant de voir que je peux présenter mon travail au-delà des frontières du Québec et du Canada.

La collection Échos sera présenté au Getty Museum de Los Angeles à partir du 30 septembre après avoir été plébiscité à Santa Fe le 18 août.

Caroline Monnet s’envolera ensuite pour Paris où elle a été invitée à collaborer à l’exposition Ce qui nous rassemble : les langages, les langages et l’imaginaire avec une trentaine d’artistes du 2 au 6 octobre, dans le cadre du Festival de la Francophonie.

 
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