A Arradon sur les traces de l’architecte Bernard Guillouët, virtuose de la villa contemporaine [En images] – .

A Arradon sur les traces de l’architecte Bernard Guillouët, virtuose de la villa contemporaine [En images] – .
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« Mon père avait une haine pour la maison néo-bretonne des années 1960, qui gâtait le paysage, et pour la façon de vivre au sein de cette architecture », raconte Christophe Guillouët, alors qu’il s’engage sur le chemin qui mène à sa maison d’enfance, où il vécut de 8 à 18 ans. Perchée sur la colline de Kerahuil, à Arradon, c’est l’une des premières villas – et la première maison familiale – signée en 1967 par son père, l’architecte Bernard Guillouët, à qui il dédia un livre, sorti le 19 avril.

Bernard Guillouët, à la fois moderne et néorégionaliste
Né à Auray, Bernard Guillouët (1929-2022) est le petit-fils d’un architecte-ingénieur qui avait dessiné, pour Sarah Bernhardt, les plans d’un hypothétique château à Belle-Ile. Après des études aux Beaux-Arts de Paris et à l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris, il ouvre son bureau à Vannes en 1963, puis à Arradon en 1996. Grand nom de l’architecture contemporaine, il parle peu de ses œuvres, qui imprègnent pourtant le territoire de Vannes et d’Auray, créant une synthèse entre architecture savante et architecture populaire. On retrouve ses volumes fragmentés dans des dizaines de maisons, à l’Île aux Moines, à Arradon, Vannes, Baden, Carnac. Il a également signé des logements sociaux collectifs (Arradon, Vannes), et des équipements publics (médiathèque, gymnase, école maternelle, école primaire et cantine à Arradon, restaurant administratif et archives départementales à Vannes, et trois collèges, dont de Pluvigner). Il était membre du corps des architectes-conseils de l’État.

Architecte de la Lumière

Loin du style néo-breton maladroit et de sa sainte trinité « murs blanc ardoise-granit », la première vue – de côté – qu’offre cette villa asymétrique est son toit pentu en ardoise. Au lieu de former un A, il est constitué de tronçons décalés en hauteur, d’un grand tronçon et d’un petit tronçon.

S’il fallait trouver une signature à Bernard Guillouët, ce serait cette ligne de crête accidentée. « L’intérêt de cette toiture déportée, c’est que mon père a su percer des fenêtres dans la partie verticale qui relie les deux côtés de la toiture, et faire entrer beaucoup de lumière », commente admiratif son fils. La lumière, qui imprègne la villa sous des angles inattendus, et la rend très chaleureuse, notamment dans les trois salons, deux au rez-de-chaussée, et un en mezzanine, qui donne sur le phare de Belle-Ile, à 50 km. L’île tant aimée de Sarah Bernhardt, qui demanda au grand-père de Bernard Guillouët, également architecte et ingénieur, de lui dessiner un château, resté à l’état de projet.

Mon père détestait la maison néo-bretonne des années 60, qui ruinait le paysage, et la manière de vivre à l’intérieur de cette architecture.

Théâtralité au jardin, discrétion au bord de la route

Là où le premier réflexe aurait été d’orienter la maison vers le sud, vers le golfe, et de la diviser sur toute sa longueur par une grande baie vitrée, « mon père a tourné la maison à 90 degrés », précise Christophe Guillouët. Faire, aussi, un jardin à l’abri du vent », avant de traduire l’intention paternelle : « Ainsi, nous n’avons pas d’ouverture sur l’horizon. Il a renoncé à l’ostentation. Il ne faut pas montrer que nous sommes riches et que nous avons acheté un espace linéaire.» Discrétion, toujours discrétion. Du côté de la route en tout cas. L’architecte moderne a organisé la maison en six travées de longueurs différentes. Trois s’étendent au-delà du jardin, créant ce que Bernard Guillouët appelait des « patios ». « Les éléments de structure extérieurs (poutres qui descendent sur la pelouse, ndlr) suggèrent que cela est nécessaire à la tenue de la maison, mais pas du tout. Il y a quelque chose de théâtral là-dedans», dit son fils.

Des volumes fragmentés

Dès l’entrée dans la villa, avec ses tomettes hexagonales d’époque et ses murs en plâtre gratté d’origine, Christophe Guillouët, saisi d’une émotion qu’il s’efforce de cacher, complimente sans enthousiasme l’actuel propriétaire. voix : « Je n’y suis pas retourné depuis 1982. Cela me fait très plaisir que vous n’ayez rien changé. » « Il y a une extrême complexité dans son architecture », poursuit le fils. Cette maison est un entrelacement de volumes à différents niveaux, avec des demi-niveaux, profitant de la pente du terrain. Il a toujours fait ça, dans toutes ses maisons. Pourquoi se perdre ? En découvrant la maison au début des années 1980, « mon mari m’a dit : ‘je vais m’y habituer’ », se souvient la vieille propriétaire. Alors que pour moi, ça a été un coup de cœur immédiat. Le mot n’est pas trop fort. L’architecture de Bernard Guillouët est en effet une question d’affect. Mon père est resté ami avec presque tout le monde», constate Christophe Guillouët avec admiration.

La villa, portrait client

Au point d’inspirer aux plus fervents « Guillouëtistes », Gilles et Malka Arié, heureux habitants d’une maison Guillouët de l’Île-aux-Moines, un livre, un recueil de témoignages d’autres propriétaires de villas conçues par l’architecte. « Mon mari a créé un climat avec le client, il a commencé par beaucoup parler avec lui. Ses maisons sont des portraits de ses clients », résume Martine Guillouët, assise dans le salon de l’autre maison conçue par son mari pour leur famille, toujours à Arradon, non loin de Kerahuil. Un séjour moderniste, traversé par une passerelle intérieure, qui relie les deux parties de l’étage. « Il travaillait beaucoup, restait longtemps sur un projet, et il ne faisait jamais la même chose. Mon mari a inventé l’espace », ajoute-t-elle, plongée dans ses pensées. « Je ne dirais pas mieux. Il a créé un art de vivre à travers l’espace », ajoute leur fils, qui souhaiterait une meilleure reconnaissance de l’esthétique moderne de son père, sans abandonner les éléments régionaux comme l’ardoise. Une architecture innovante, immédiatement comprise comme telle par les spectateurs fascinés. ” Quand j’étais petite, les gens venaient visiter la maison, frappaient à la porte ou passaient la tête par-dessus le mur du jardin. Cela me ferait plaisir si cette villa était classée.

 
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