Photographe depuis plus d’une décennie, le Giennois Romain Beaumont expose jusqu’au samedi 5 octobre des photographies à la faïencerie. Une usine qu’il a photographiée, comme de nombreuses grandes entreprises, avec la volonté de mettre en avant l’humain au cœur de son métier.
Travailler avec le sourire. Avec Romain Beaumont, c’est possible, ne serait-ce que quelques secondes. Le temps qu’il faut au photographe giennois de 50 ans pour immortaliser un moment de répit au milieu d’une journée de travail. Romain Beaumont a réussi ce « déclic » chez Otis, Pierre Fabre, Framatome. Ou récemment, à la faïencerie de Gien, lieu de sa dernière exposition jusqu’au 5 octobre.
A chaque fois, l’objectif est le même pour Romain Beaumont. Photographier les individus au cœur de leur entreprise, au cœur de leur travail. Il relie ainsi une histoire sociale et industrielle, mais pas seulement.
« Plus facile » de prendre des photos dans les entreprises
J’aime ces photos parce que je pense que c’est plus simple. Les gens n’ont pas l’impression d’exposer leur vie privée. Leur travail est un intermédiaire entre la photographie et la vie privée.
Passionné de photographie depuis 2002, après avoir emprunté l’appareil photo de sa sœur, Romain Beaumont est devenu photographe dix ans plus tard. « Mais dès que j’ai dû rendre l’appareil à ma sœur, c’était douloureux. Le virus était déjà là. »
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Musiciens, pêcheurs, bergers, font partie des premiers métiers photographiés. « J’ai rapidement fait une exposition au festival harpe jazz de Rennes », se souvient Romain Beaumont, qui n’a « quasiment aucun refus d’entreprises ».
Romain Beaumont aime montrer son exposition.
Depuis 2006, le Giennois s’est néanmoins donné des consignes, comme l’interdiction des photos en série.
Les employés de la faïencerie impliqués dans son exposition
Chaque personne est différente, donc chaque photo doit être différente. Même quand j’ai peu de temps. C’est embêtant de se sentir comme un numéro, encore plus dans les grandes usines.
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Au sein de la faïencerie, Romain Beaumont note à juste titre une ambiance « familiale ». L’usine a donc été une nouvelle fois le cadre des photos des Giennois. Quelques années après la réalisation d’une série de photos autour de la main et du geste, afin de montrer les étapes de fabrication de la faïence.
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« Cette fois-ci, je me suis dit qu’il fallait élargir mon cadre et dessiner un portrait de l’usine. C’est plus difficile que de se concentrer sur le geste. Mon envie était de faire quelque chose d’abstrait, autour des couleurs, des lignes, des formes, des tâches. »
Un projet moins concret, mais avec le même objectif d’impliquer les salariés de la faïencerie.
« Il se trouve que la première photo que j’ai prise était celle d’un départ à la retraite. J’ai une photo de deux femmes qui s’embrassent et pleurent. »
Romain Beaumont (Photographe de Gien)
Romain Beaumont veut « faire sortir les Giennois de chez eux »
Bingo, Romain Beaumont tient le point de départ de l’exposition. Elle mêle des photos autour du geste, prises en 2014, et des portraits de salariés, datés de 2022.
« Le vernissage s’est bien passé. Les gens de la poterie étaient très contents », se réjouit Romain Beaumont. Une satisfaction pour le photographe, confronté au défi permanent de « conserver et jeter les photos. On ne peut pas tout montrer d’une entreprise. J’essaie de me faire aider car c’est difficile de tout sélectionner tout seul. »Romain Beaumont aura également une exposition à l’arboretum des Barres à Nogent-sur-Vernisson.
Après cette exposition, il a d’autres projets. L’un d’eux serait de « faire sortir les habitants de chez eux. Il y a le sentiment de se regarder et de ne pas sortir de chez soi à Gien ». Il évoque la possibilité d’emmener les enfants des quartiers à la rencontre des « anciens » du Giennois pour les interviewer.
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Mais Romain Beaumont souhaite surtout « entraîner les jeunes dans les stations de métro parisiennes, pour qu’ils entrevoient ce qu’est une foule et se sentent anonymes. Le but est d’oser, de simplement quitter Gien. »
Un projet original et décalé qui pourrait valoir son pesant d’or, comme il le rappelle. Car la photographie « est un domaine sans fin ».
Thomas Bogeard
