« Je partage des animaux à fourrure, pas des humains à fourrure »

« Je partage des animaux à fourrure, pas des humains à fourrure »
« Je partage des animaux à fourrure, pas des humains à fourrure »

Pascal Ruffy, photographe de formation, vit à Fismes (Marne). Il publie de nombreuses et belles photographies animalières sur son compte Facebook… qui est régulièrement bloqué pour cause d’activité trop importante.

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Il est difficile d’imaginer qu’un groupe de renardeaux puisse susciter les foudres du puissant algorithme de Facebook. Et pourtant, c’est le cas, ou plutôt, le cas du compte sur lequel leur photo a été publiée.

Pascal Ruffy est un ancien banquier. Après 35 ans de carrière, et proche de la retraite, il a tout abandonné pour ne pas perdre la tête, après une épuisement professionnel. Et il a commencé à prendre des photos : des portraits, des mariages… un pur bonheur.

Il trouve son bonheur dans la nature. C’est à la campagne et en forêt qu’il prend des photos incroyables d’animaux qu’on ne voit pas en ville : cerfs et renards notamment. La photographie animalière est donc son hobby, sa passion, qu’il partage volontiers en ligne.

Sur Facebook, ses fans adorent. Mais le réseau social de Mark Zuckerberg ne l’entendrait pas de cette oreille. Le mercredi 11 septembre 2024, le photographe a publié un long message expliquant qu’il semblait avoir été bloqué (pour la sixième fois cette année, nous a-t-il dit), apparemment parce qu’il répondait trop aux nombreux commentaires qu’il reçoit (voir publication ci-dessous).

France 3 Champagne-Ardenne l’a contacté pour en savoir plus. « En 2018, j’ai rencontré une renarde. J’ai passé trois mois avec elle, presque tous les jours. Elle m’a présenté ses petits. » La première d’une longue liste d’interactions avec les habitants à quatre pattes des champs et des forêts…

Prendre ces photos demande une certaine organisation. Et beaucoup de patience. « Par exemple, ce matin, à 4h30, je suis partie en forêt. C’est vrai que c’est compliqué de se lever à 3h30, d’autant plus qu’on ne peut pas prendre de photos car il fait nuit. Mais à vingt mètres de moi, parce qu’il fait nuit, je peux voir des animaux extraordinaires, qui me font vivre des moments magnifiques. » Des animaux qui ne sont pas effrayés. Que l’on peut ensuite photographier, après une longue attente, quand le jour se lève enfin. Récemment, quelques cerfs imposants.

Il a aussi quelques « aventures » pas anodin. Fin août, son chemin croise celui d’un chevreuil (un jeune chevreuil mâle), en mauvaise posture près d’une route. Il le guide vers un endroit moins dangereux, non sans lui permettre d’étancher sa soif directement dans sa main. « Nous avons marché 400 mètres. Dès que j’ai arrêté de le caresser, il s’est arrêté et m’a regardé. Et pourtant, je ne l’avais jamais rencontré. » (voir vidéo Facebook ci-dessous)

Auparavant, il s’agissait « des ratons laveurs qui sont venus manger dans ma main »Des animaux étonnants, qui ont même été retrouvés sur le toit d’une église.

Sa première page Facebook (photographies de Pascal Ruffy) est créée en 2015. Et lui vaudra des ennuis suite à un piratage en 2023. « Des Afghans ont publié des vidéos de décapitations après avoir piraté ma page. » Nous sommes un peu loin des mignons renardeaux.

Visiblement, Facebook n’a pas trop apprécié. Un blocage a eu lieu, et le photographe picard a dû montrer sa carte d’identité pour pouvoir à nouveau y accéder.

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Les jeunes renards s’approchent du photographe.

© Pascal Ruffy

Le revoilà trois semaines plus tard, avec sa messagerie en prime, et cette fois, il perd définitivement le contrôle de son ancienne page, qui se met à publier du contenu en provenance du Vietnam se faisant passer pour lui… et apparemment, des publicités (payantes) visant à arnaquer les touristes. « Facebook me demandait 25 000 euros parce que les gens qui s’étaient fait arnaquer revenaient vers moi. J’ai dû prouver à nouveau mon identité. Alors que je n’ai jamais voulu gagner un seul euro sur le dos de la nature. C’est du bénévolat. »

Il a donc recréé une nouvelle page Facebook (Pascal Ruffy Nature). « Je suis partie de zéro. Sur l’autre page, j’avais 25 000 abonnés, un million de vues, plus de 1 000 commentaires… » Parallèlement, il continue d’utiliser et d’alimenter son compte Facebook d’origine (Pascal Ruffy). C’est ce compte qui est « accusé » d’interagir trop avec ses fans. « Facebook a bloqué mon compte quatre fois en deux mois. »

« J’ai même reçu une notification disant que j’avais posté des images pornographiques. Je ne comprends rien. Je partage des animaux à fourrure, pas des humains à fourrure ! » (que l’on voit d’ailleurs dans le reportage de France 3 Champagne-Ardenne, dans la vidéo visible ci-dessous).

L’ancienne page est apparemment inactive, mais existe toujours. « Facebook n’intervient pas. Je leur ai envoyé une dizaine de messages au cours de l’année dernière pour leur demander de le supprimer. Personne ne fait rien, personne ne me répond. Quand vous allez sur mon ancienne page, vous pouvez clairement voir que je ne suis pas l’administrateur. »

Concernant les blocages pour trop d’activité (légale), les réponses aux messages et commentaires sont une hypothèse. « Maintenant, après les images pornographiques qu’on m’accuse d’avoir publiées, quatre fois en l’espace de deux mois, je suis bloqué pour « mouvements inhabituels »… »

« Mon ami et moi, qui s’y connait un peu, avons conclu que c’est parce qu’il y a beaucoup de commentaires sur certains de mes posts. Et que depuis des années, sur Facebook, j’ai pris l’habitude de répondre intégralement à tous les commentaires. Alors mon ami m’a dit : essaie de répondre un peu moins, mets juste des « J’aime ». Parce qu’il semble que l’algorithme de Facebook n’aime pas ça. »

Si le problème ne s’améliore pas, Pascal Ruffy n’exclut pas de recréer une adresse mail et un nouveau compte Facebook au début de l’année prochaine. « Mais pas tout de suite. Je reçois beaucoup de demandes professionnelles pour les fêtes de fin d’année. » Notamment dans les magasins de Fismes (Marne), où il réside (voir la carte ci-dessous).

Il espère toutefois que l’on n’en arrivera pas là. « Mon copain et moi avons tout vérifié à nouveau. Apparemment, tout va bien. Mais bon, c’est ce que nous avions dit la dernière fois… » En attendant, il espère pouvoir continuer « montrer de belles choses ».

De son côté, Facebook (ou plutôt le groupe Meta, sa maison mère), n’avait pas encore réagi à la publication de cet article, malgré plusieurs jours d’attente.

 
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