Michael Lynk
L’auteur est professeur émérite de droit à l’Université Western, London, Ontario, Canada. Il a été le septième rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés de 2016 à 2022.
AA / Istanbul
En 2024, une série d’événements majeurs, pour la plupart imprévisibles un an plus tôt, ont secoué le Moyen-Orient et le reste du monde, impactant considérablement la Palestine : la poursuite du génocide israélien à Gaza, la défaite militaire du Hezbollah et la dévastation au Liban, le renversement de Bachar al-Assad en Syrie, l’isolement de l’Iran, la réélection de Donald Trump, ainsi qu’une série de décisions historiques de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale. Cour (CPI).
Tous ces événements majeurs rendent particulièrement incertaine la tâche d’imaginer l’avenir de la Palestine en 2025. Cependant, avec une certaine prudence, il est possible de formuler des hypothèses éclairées sur six aspects principaux.
– Principaux scénarios pour l’avenir de la Palestine
Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis accélérera sans aucun doute l’asservissement des Palestiniens par Israël. Ses nominations clés au Moyen-Orient – notamment son secrétaire d’État, son ambassadeur en Israël et ses deux envoyés régionaux – représentent des cadeaux diplomatiques pour l’actuel gouvernement israélien d’extrême droite. Son approche politique privilégie le respect des puissants et le mépris des faibles. La seule limite que Trump pourrait imposer à Israël proviendrait de sa quête d’un accord substantiel avec l’Arabie saoudite, qui exige publiquement une voie crédible vers la création d’un État palestinien.
La perspective d’un véritable État palestinien semble plus lointaine que jamais. En 2025, davantage de terres palestiniennes seront confisquées, de nouvelles colonies israéliennes illégales seront construites et la violence des colons, déjà à des niveaux records, s’intensifiera. Bien que Trump puisse empêcher le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de procéder à l’annexion formelle de certaines parties de la Cisjordanie, l’annexion de facto par Israël se poursuivra sans relâche. La capacité de l’Autorité palestinienne à influencer les événements en sa faveur va probablement encore diminuer. Quant au processus de paix au point mort, les Palestiniens sont depuis longtemps bloqués au feu rouge, qui reste obstinément rouge aujourd’hui.
La guerre génocidaire à Gaza se terminera enfin par un cessez-le-feu formel, la libération des otages israéliens et de certains détenus palestiniens. Cependant, le nombre de morts et les souffrances inimaginables parmi les civils palestiniens à Gaza persisteront, la famine, les maladies infectieuses, une économie dévastée et un paysage détruit continuant d’affliger la population. Même si le Hamas ne sera pas complètement vaincu, il aura subi un coup dur à court terme. Israël cherchera à établir des colonies dans le nord de Gaza et encouragera les chefs de clan à diriger le reste du territoire, ce que Trump pourrait tolérer. Un autre défi majeur sera de réunir les 40 à 60 milliards de dollars nécessaires à la reconstruction de Gaza, une tâche qui provoquera des tensions entre Trump et ses alliés du Golfe, qui refuseront d’en supporter la plupart des coûts. une guerre qu’ils désapprouvaient.
– La communauté internationale sera-t-elle confrontée à la question palestinienne en 2025 ?
En ce qui concerne la Palestine, les Nations Unies seront confrontées à certains de leurs défis les plus périlleux en 2025. Le délai d’un an fixé par l’Assemblée générale pour qu’Israël mette complètement fin à son occupation de la Palestine arrivera en septembre prochain, avec Israël et les États-Unis. déterminé à défier cette obligation. De plus, Israël – avec le soutien de Trump – cherche à démanteler l’UNRWA, l’agence des Nations Unies qui fournit des services d’éducation, de santé et d’aide sociale aux réfugiés palestiniens. Le défi pour l’Europe et le monde arabe sera de savoir s’ils défendront les Nations Unies, leur engagement fondamental à résoudre avec succès la question la plus ancienne de leur agenda politique (la Palestine) et la préservation de leur plus grande agence.
L’isolement diplomatique d’Israël continuera, même si ses relations avec son puissant allié, les États-Unis, se renforcent. Son statut isolé au sein des Nations Unies – en particulier à l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme – entraînera des votes encore plus massifs contre son occupation vieille de 57 ans, son refus de reconnaître l’autodétermination palestinienne et ses violations du droit international. Le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, va l’isoler politiquement, les chefs d’État et de gouvernement signataires du Statut de Rome de 1998 refusant de le rencontrer. La pression va augmenter en Europe pour repenser divers accords commerciaux et de coopération avec Israël, en réponse à la guerre et à ses horribles conséquences humanitaires.
– Le rôle du droit international plus crucial que jamais pour la Palestine
Le rôle du droit international dans la question palestinienne deviendra encore plus crucial en 2025. À la suite de décisions historiques de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI) en 2024, un mouvement croissant pourrait insister sur une approche basée sur sur les droits pour parvenir à la paix en Palestine, remplaçant l’approche pragmatique discréditée – mais toujours persistante – du processus d’Oslo.
L’élan créé par les récents rapports sur le génocide, publiés par Amnesty International et Human Rights Watch, continuera de résonner dans les couloirs des Nations Unies et des ministères des Affaires étrangères. Cependant, des vents contraires demeurent : les républicains du Sénat américain sont déterminés à sanctionner la CPI pour avoir émis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu, ce qui signifie que la viabilité de la Cour nécessitera une défense solide de la part des 124 États membres du Statut de Rome, en particulier en Europe.
Comme l’année écoulée l’a montré, 2025 apportera certainement son lot de surprises inattendues. Et même si des temps sombres attendent encore les Palestiniens dans l’année à venir, la guerre à Gaza a également déclenché un mouvement mondial de solidarité – en particulier parmi les jeunes – qui continuera d’inspirer une réflexion courageuse et des actes audacieux. Son impact durable ne doit jamais être sous-estimé.
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