Par
Jade Lacroix
Publié le
24 décembre 2024 à 11h07
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Sept ministres en trois ans et… cinq rien qu’en 2024 : l’instabilité accélérée de l’Éducation nationale, avec des ministres restant parfois quelques semaines, a empêché les dossiers de fond d’avancer, regrettent les syndicats enseignants.
C’est finalement Elisabeth Borne qui sera nommé ce lundi 23 décembre 2024 à la tête d’un superministère regroupant l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur.
Pour le syndicat éducatif FSU-SNUipp, « cette nomination sonne comme une nouvelle provocation pour des personnels de l’Éducation nationale au bord de la faillite », indique l’organisation dans un communiqué transmis à - ce lundi soir. Le syndicat menace également d’une nouvelle grève « si le cap fixé depuis plusieurs mois est maintenu ».
Gabriel Attal, une « batterie électrique » qui « fonctionne à la coke »
Rue de Grenelle, l’année commence avec Gabriel Attal, qui part rapidement à Matignon pour succéder à Élisabeth Borne. Il s’achèvera avec ce dernier, nommé lundi 23 décembre 2024 ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
De quoi confondre les enseignants avec, à la tête de ce ministère tentaculaire – premier budget de l’Etat – des personnalités aux caractères bien différents.
Gabriel Attal, arrivé en juillet 2023, était une « batterie électrique » qui « fonctionne au coke »», déclare Guislaine David, secrétaire générale du FSU Snuipp, le premier syndicat scolaire.
Après cinq années de Jean-Michel Blanquer (2017-2022) puis une grosse année avec le discret universitaire Pap N’Diaye, “l’ambiance avait vraiment changé”, avec ce benjamin des ministres (34 ans) nommé à la tête de l’Éducation nationale. , poursuit-elle.
Mais surprise, ce locataire très actif de la rue de Grenelle, macroniste ambitieux qui vient d’annoncer début décembre son « choc du savoir » pour améliorer le niveau scolaire, est propulsé Premier ministre le 9 janvier.
Sa nomination intervient alors qu’il anime une réunion en visioconférence avec des chefs d’établissement. Un moment « lunaire », saisissant « le début d’une déstabilisation qui n’a fait que s’aggraver par la suite », rappelle Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa.
Amélie Oudéa-Castéra et ses enfants dans le privé
Le Ministre des Sports et des Jeux OlympiquesAmélie Oudéa-Castérale remplace le 11 janvier, ajoutant l’Éducation à son portefeuille déjà bien garni à quelques mois des JO de Paris.
Mais en quelques heures seulement, elle déclenche la première polémique du nouveau gouvernement lors de ses premiers pas dans un collège des Yvelines.
Elle invoque «beaucoup d’heures pas sérieusement remplacées»à l’école publique pour justifier la scolarisation de ses enfants dans le privé.
Le tollé a été immédiat parmi les syndicats et la gauche : « J’ai vu la séquence et je me suis dit que c’était déjà fini », résume Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Education.
En 28 jours, « AOC » a fait une série de déclarations maladroites, avant que le dossier éducatif ne lui soit retiré, début février, pour le confier à un spécialiste. Nicole Belloubet. Un record de brièveté à ce poste sous la Ve République.
Issue du Parti socialiste avant de rejoindre les rangs macronistes, Nicole Belloubet, ancienne rectrice et ancienne garde des Sceaux, “poursuit la politique de Gabriel Attal”, mais “on n’a jamais su si elle avait vraiment envie de poursuivre cette politique”, souligne Guislaine David. .
En coulisses, des tensions sont palpables avec le Premier ministre, notamment sur la mise en place de groupes de niveaux en français et en mathématiques en 6ᵉ et 5ᵉ, mesure phare du « choc des savoirs ».
Après des semaines de confrontation, les groupes ont changé leur nom en « groupes de besoins ». Mais « les moyens pour les mettre en place ne sont jamais arrivés », donc « on pouvait les appeler comme on voulait, ça n’a pas marché », souligne Elisabeth Allain-Moreno.
Anne Genetet en « stage découverte »
Après la dissolution en juin, Nicole Belloubet, qui a démissionné, est restée dans le flou jusqu’à la rentrée. Elle évoque la possibilité d’aller « cueillir des champignons » à l’automne.
Son départ est acté en septembre, avec la nomination surprise du macroniste Anne Genetêtproche de Gabriel Attal et méconnu des milieux pédagogiques.
« Je l’ai d’abord trouvée loin des dossiers » et « elle n’est pas restée longtemps, donc il ne s’est presque rien passé », résume Catherine Nave-Bekhti. « Elle était encore en parcours découverte », même si « elle faisait son cours avec sérieux », ironise Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées).
Au final, tous ces changements n’auront pas permis d’explorer des sujets jugés prioritaires par les syndicats : attractivité du métier d’enseignant, salaires et conditions de travail ou encore formation initiale des enseignants, un chantier rouvert sous Pap Ndiaye pour répondre à la crise du recrutement. , mais s’est arrêté.
« C’est fatiguant, car il faut sans cesse se présenter à nouveau et présenter les dossiers qui sont en haut de la pile », résume Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, le premier syndicat du secondaire. “On a encore l’impression d’un ministère ballotté par le vent.”
« Il y a une frénésie des ministres, mais une paralysie de l’action publique », ajoute-t-elle. “Depuis un an, aucun dossier n’a vraiment avancé.”
Avec l’AFP
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