C’était le match de votre vie vendredi ?
Force est de constater que je n’ai jamais réalisé une telle performance, en termes de statistiques déjà (deux buts et deux passes décisives). Il y a aussi le contexte d’un 32es de finale, ce qui donne un peu plus d’ampleur. C’est donc dans les trois premiers matches que j’ai pu réaliser, facile. Je me souviens aussi d’un autre match de Coupe de France, en 2015 contre Valenciennes qui était en Ligue 2. On a perdu en prolongation (1-2, 5 décembre 2015).
Vous n’avez pas marqué grand-chose dans cette compétition par le passé. Vous attendiez ce match ?
Non, non. Mon équipe et moi avons pris ce match comme les autres. C’est une équipe Nationale, mais qui vient d’être promue (Boulogne est toujours deuxième du championnat, NDLR). Tellement supérieur, mais pas beaucoup. En plus, le match avait lieu chez nous, donc pour nous c’était 50-50. Je n’ai pas abordé ce match avec plus de peur qu’un autre. Mais c’est vrai que c’était mon jour, on peut le dire.
Sur les deux premiers buts, c’est votre accélération côté gauche qui a fait la différence. Que vous a demandé le coach avant le match ?
Il m’a dit de prendre de la profondeur car ils avaient du mal au dos, sur leur côté droit. Il avait bien analysé puisque nous avons ciblé ce côté-là et nous avons réussi beaucoup de tirs.
Vous attendiez-vous à ce que ce soit aussi « facile » ? Vous menez 4-0 à un moment du match…
Pas facile, non. Même quand on a ouvert le score, on a commencé à reculer rapidement. Après, c’est vrai que leur carton rouge (recueilli par le gardien Victor Delins, du 16e minute) cela nous a facilité la tâche et même après ce rouge, nous n’avions pas le ballon. Nous avons joué des tirs, nous avons joué des contre-attaques. Donc je pense que les faits de match ont fait qu’on a pu progresser, mais sinon, ça aurait été beaucoup plus compliqué.
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Avez-vous bien fêté ?
Vite, après le match. Mais après, en championnat, c’est un peu compliqué pour nous, on joue pour maintenir nos forces. Il faut donc vite passer au plus important, même si la Coupe est une évasion certaine.
Comment fait-on pour se concentrer sur un match de Coupe de France alors qu’on est en difficulté en championnat ?
C’est une compétition à part. On voit qu’il y a des surprises à chaque match, à chaque tour. Pour moi, ce n’est pas une question de niveau, c’est une question d’envie. C’était un rendez-vous pour l’histoire du club, car il n’a jamais joué un 16e de finale. Du coup, tout le monde s’est mis au diapason et nous avons réussi à réaliser un exploit.
Le fait d’être chez vous a-t-il changé beaucoup de choses ?
Bien sûr. En championnat, à vrai dire, il n’y a pas grand monde au stade, mais là, c’était plein. Cela nous a donné beaucoup de force. Il y avait des familles, des amis. Nous voulions les rendre fiers.
Au cours de votre carrière, vous avez passé un an et demi en Bulgarie. Parlez-nous-en.
C’était une bonne expérience de vie. Je voulais tenter une expérience à l’étranger. C’était plutôt cool de découvrir une nouvelle culture, une nouvelle langue, une autre façon de vivre. Cette opportunité s’est présentée, un agent m’avait contacté et m’avait parlé des possibilités d’aller jouer professionnellement en Bulgarie. J’étais beaucoup plus jeune, alors j’ai essayé. Aucun regret. Par la suite, j’ai décidé de rentrer en France pour des raisons familiales, et j’ai continué en National 2.
Comment était la vie là-bas ?
Les gens sont différents, la mentalité aussi, ils sont plus « démodés ». Le football est beaucoup moins médiatisé et suivi par les gens. J’ai fait la capitale (Sofia, quand il jouait à Tsarskoï Selo) et une ville au bord de la mer (Sozopol). Je préfère quand même la France, le pays est beaucoup plus structuré, beaucoup plus développé. C’était quand même cool de revenir.
Est-ce la seule fois où vous avez bénéficié d’un contrat professionnel ?
Oui. Je sais qu’il y a beaucoup de joueurs qui partent à l’étranger pour réussir, car en France, c’est beaucoup plus compliqué. C’est beaucoup plus compétitif. Il y a des joueurs qui s’exportent et qui réussissent à jouer en Europe dans des compétitions mineures comme la Conference League. C’était un objectif à moyen terme, trouver un club pour signer pro et ensuite aller dans les plus grands clubs du pays. Mais je ne pouvais pas aller plus haut, je ne pouvais pas aller au bout.
Vous avez donc vécu la D2 locale. Comment placeriez-vous le niveau ?
C’est un niveau N2-N3. Si j’étais resté, je pense que j’aurais pu atteindre la première division, car j’y réussissais bien. Je m’étais bien acclimaté au pays, à la langue, j’avais commencé à l’apprendre.
D’une manière générale, vous changez de club presque chaque année…
C’est vrai que j’ai beaucoup changé de club, mais ce n’est pas toujours de mon plein gré. C’est à cause de désaccords ou de mauvaises expériences. Mais pour moi, si j’avais trouvé un endroit où tout allait bien, où toutes les étoiles étaient alignées, j’y serais resté.
Vous avez quitté Haguenau en 2023 et êtes revenu un an plus tard. On dirait que c’était le bon choix.
C’était une de mes plus belles expériences, j’y ai fait une de mes meilleures saisons. Alors quand j’ai eu cette opportunité de quitter Créteil (N2), je me suis dit pourquoi ne pas revenir dans un endroit où j’avais joué, pour me relancer après une année compliquée.
Haguenau, cela ne peut-il pas être le club où vous allez vraiment vous installer ?
Je n’en sais rien. Je pourrais, car sportivement, l’équipe a beaucoup de qualités. C’est un club familial qui ne se met pas de pression. Mais j’ai 30 ans, je suis à la croisée des chemins, donc si une opportunité se présente et que je ne peux pas refuser, j’y réfléchirai à deux fois.
Et de fait, la Coupe de France, c’est un peu une vitrine.
C’est vrai qu’après ce match, j’avais certaines demandes. Je n’y suis pas habitué, j’aime rester dans l’ombre. C’est la première fois que cela m’arrive. J’ai vu qu’un match télévisé pouvait changer diamétralement, on ne va pas dire une vie, mais un quotidien. J’ai reçu beaucoup de messages, de demandes, de clubs de National 2 au plus haut niveau, et de l’étranger. J’ai une exposition médiatique. C’est vrai que les choses ont changé depuis deux jours.
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Propos recueillis par Jérémie Baron // Photo : FCSR Haguenau / Shot par Elo (Instagram)
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