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Risque d’embrasement au Mozambique sur fond de journée de validation des élections

Le Conseil constitutionnel doit annoncer lundi à 15 heures (13 heures GMT) le résultat du scrutin du 9 octobre, qui a plongé le Mozambique dans une crise post-électorale sans précédent ayant fait plus d’une centaine de morts. Suivant le slogan visant à paralyser le pays en attendant l’annonce, la capitale Maputo s’est transformée lundi en une ville fantôme méconnaissable.

Des barricades obstruent ses axes routiers, les avenues restent désertes et les rideaux métalliques des magasins restent baissés, a constaté une équipe de l’AFP. Des images anormales en pleine période des fêtes de fin d’année. Tandis que les accès menant au palais présidentiel, ainsi qu’au Conseil constitutionnel, ont été bloqués par la police lundi.

« Manifestation dangereuse ». Deux mois de manifestations, de grèves et de blocus ont coûté la vie à au moins 130 personnes, pour la plupart des manifestants tués à balles réelles, selon l’ONG locale Plataforma Decide.

Il s’agit de la « compétition post-électorale la plus dangereuse » de l’histoire du pays pour le parti Frelimo, à la tête du Mozambique depuis son indépendance du Portugal en 1975, estime le chercheur mozambicain Borges Nhamirre de l’Institut d’études. pour la sécurité de Pretoria.

Loin de s’essouffler, le mouvement pourrait s’intensifier lundi. Venancio Mondlane, l’opposant qui revendique la victoire électorale, a appelé à un « nouveau soulèvement populaire d’une ampleur jamais vue auparavant ». Dans le cas où les résultats couronnant le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, en tant que président, seraient approuvés malgré les irrégularités relevées par diverses missions d’observation internationales.

“Inquiéter.” Ce qui ne laisse guère de doute : « Le Conseil constitutionnel n’est pas politiquement indépendant », explique Borges Nhamirre. « Il y aura des ennuis », prédit-il. “La question – à laquelle je pense que personne ne peut répondre – est de savoir combien de temps cela va durer”, ajoute-t-il.

Ces semaines de manifestations ne suivent aucun schéma habituel dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde. La prédominance de l’économie informelle oblige une grande partie des Mozambicains à vivre au jour le jour pour nourrir leur famille.

“On a dit que les mouvements de protestation au Mozambique ne pourraient pas durer plus d’un mois”, a déclaré M. Nhamirre, avant d’ajouter : “Cela n’a rien à voir avec ce qu’on avait l’habitude d’observer”.

Venancio Mondlane. Cela a beaucoup à voir avec Venancio Mondlane. Celui qui mobilise ses partisans via des directs rituels sur les réseaux sociaux refuse tout compromis avec le Frelimo.

Le candidat à la présidentielle mozambicaine Venancio Mondlane lors d’un point de presse après le vote à Maputo, le 9 octobre 2024. – ALFREDO ZUNIGA – Maputo (AFP)

Se affirmant victime de deux tentatives d’assassinat – ce qui peut être confirmé par les meurtres de deux figures de l’opposition en octobre –, l’ancien commentateur politique de la télévision mozambicaine s’est réfugié depuis des semaines à l’étranger.

Mais « Venancio », comme on l’appelle simplement dans la rue, a laissé entendre qu’il pourrait faire un retour pour l’investiture. “Le 15 janvier, nous prendrons le pouvoir à Maputo”, a-t-il déclaré. « Si nous devons perdre la vie dans un combat juste, nous la perdrons », a-t-il ajouté. « Après un si long mouvement de protestation, cela va au-delà de « Venancio » », a déclaré Johann Smith, analyste des risques politiques et sécuritaires à Maputo.

Tournez la page. Beaucoup des 33 millions d’habitants de ce pays, parmi les plus inégalitaires au monde, comptaient sur ces élections pour tourner la page du Frelimo, d’inspiration marxiste du temps de la guerre d’indépendance, puis de la guerre civile qui s’est terminée en 1990. .

Mais la Commission électorale a déclaré vainqueur le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, avec 71% des voix, contre seulement 20% attribués à Venancio Mondlane. De faux chiffres, selon ce dernier, qui revendique 53% des voix après un décompte parallèle.

« Je peux me tromper, mais même s’il se fait tuer ou quelque chose du genre, le mouvement continuera. C’est presque le printemps en Afrique australe », déclare M. Smith.

Une allusion au déclin électoral en Afrique du Sud de l’ANC, parti au pouvoir depuis 1994 contraint à une coalition, puis à la déroute historique au Botswana du BDP qui dirigeait le pays depuis 1966. Autant de camouflets infligés cette année aux partis de libération dans la région.

Clément VARANGES

© Agence -

 
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