La sortie des mers du Sud est souvent un soulagement pour les solitaires, mais il reste trois semaines de course. C’est à partir de 23 heures ce lundi soir que les deux premiers devraient franchir le troisième et dernier cap de leur tour du monde : le fameux Cap Horn. Charlie Dalin et Yoann Richomme devraient quitter les mers du Sud après 43 ou 44 jours de course, soit un peu plus de trois jours de moins qu’Armel Le Cléac’h en 2016. A l’époque le skipper de « Banque Populaire » avait franchi le « cap dur » » avec… 819 milles d’avance sur Alex Thomson (environ deux jours) et avait gagné avec seulement 16 heures d’avance (en 74 jours 3 heures 35′). Quatre ans plus tôt, Le Cléac’h avait passé son deuxième cap Horn à seulement 35 milles de François Gabart. Tout au long de la remontée de l’Atlantique, il avait tenté de dépasser le leader mais le skipper de Macif avait gardé 3 heures 15 minutes pour s’imposer.
Un endroit mal pavé
Ce passage au Horn est un passage mal pavé. Les conditions sont souvent rudes avec des rafales allant jusqu’à 70 nœuds et même 97 nœuds (et 10 m de profondeur) lors de l’approche d’Isabelle Autissier en 1997 lorsque le Canadien Gerry Roufs disparut dans la tempête. Alors évidemment, si les solitaires ont hâte de franchir ce passage, ils le craignent aussi. Jean Le Cam n’a pas que de bons souvenirs dans ce domaine. En 2009, il chavire, récupéré par Vincent Riou. Quatre ans plus tôt, le roi Jean avait 190 milles d’avance (une quinzaine d’heures) sur Vincent « le Terrible ». Finalement, Riou lui avait ravi la première place pour terminer avec sept heures d’avance… c’était la seule fois sur les neuf premières éditions que le premier au Horn ne remportait pas le Vendée Globe.
« Faire le tour du Cap Horn pour Noël : c’est exceptionnel ! »
En voile, les écarts vont et viennent en fonction de la météo. Michel Desjoyeaux, seul double vainqueur, a connu deux traversées du Horn et deux remontées de l’Atlantique opposées. Lors du premier, il avait un matelas de 602 milles sur Ellen MacArthur et à l’arrivée, moins de 24 heures les séparaient et elle était revenue à moins de 29 milles. Huit ans plus tard, à la barre de son « Foncia », il passe une seconde fois le Cap Horn en tête (malgré son départ retardé 41 heures plus tard) après 56 jours mais seulement… 80 milles d’avance sur Roland Jourdain. Une avarie de quille gâche la course de ce dernier et Desjoyeaux s’impose avec… cinq jours et six heures d’avance sur Armel Le Cléac’h.
Cette année, c’est un duel de « Figaristes » entre Charlie Dalin et Yoann Richomme à l’approche du Cap Horn. « Nous allons passer le Cap Horn le jour de Noël : c’est exceptionnel ! Avec trois jours d’avance, voire un peu plus du record d’Armel Le Cléac’h, ça va être génial », a déclaré le skipper de Paprec Arkéa. Il y a quatre ans, Dalin était le deuxième à revenir sur l’Atlantique quelque 14 heures et 56 minutes après Yannick Bestaven qui s’est finalement imposé avec 2 heures et 30 minutes ! Peu de stratégie à venir dans les dernières heures du Pacifique, le passage du Cap Horn, tel un passage de bouée, pourrait se jouer en quelques minutes. Au vu des statistiques (8/9), mieux vaudrait d’abord franchir ce dernier cap…
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