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ce combat final des harki gardois Hacène Arfi

En 2022, cet écorché vif, militant indéfectible de la cause Harkie, fait une promesse à sa mère alors sur son lit de mort. Mais les restes de ce bébé mort de froid dans les camps Harki de Rivesaltes, où il avait été interné par la avec sa famille lors de la décolonisation de l’Algérie, ont, comme des dizaines d’autres corps d’enfants, tout simplement disparu.

Certaines rencontres peuvent marquer un parcours professionnel. Pour l’auteur de ces lignes, la rencontre avec Hacène Arfi ce samedi 21 décembre 2024 en fait partie. C’est à Saint-Laurent-des-Arbres, dans le Gard, que le président de la coordination harka – association regroupant les harkis et leurs proches depuis 1996 sous le signe de la solidarité et de l’entraide – a fini par trouver refuge.

Dans les locaux de son association, où s’amoncellent vestiges et articles de presse sur son combat pour la reconnaissance des droits et la protection des harkis, l’émouvant sexagénaire accepte volontiers d’évoquer, ce matin-là, l’une de ses nombreuses blessures. . Une blessure ravivée précisément le 10 décembre, lors d’une réunion organisée dans les salons de la préfecture des Pyrénées-Orientales.

Vestiges d’un cimetière

« À cette époque, je cherchais désespérément depuis de nombreuses années le corps de mon jeune frère. Un bébé que ma mère avait accouché sous une tente un soir d’hiver, dans un froid glacial, et qui était décédé quelques heures après sa naissance. naissance C’était en novembre 1962. Nous arrivions d’Algérie et y avions été internés par la France, au camp Joffre de Rivesaltes.se souvient douloureusement celui qui avait alors assisté, à l’âge de cinq ans, à l’enterrement de cet enfant à l’intérieur du camp et par son propre père. » Tendrement, il a pris soin de l’envelopper dans une petite serviette. Parce que nous n’avions plus rien.détaille l’homme, submergé par l’émotion.

D’une voix calme et lente, Hacène Arfi évoque ensuite cette promesse faite en 2022 à sa mère, le jour de son décès, de retrouver coûte que coûte le corps de ce petit frère.

Une promesse qui, en novembre dernier, était sur le point d’être honorée, alors que les archéologues annonçaient avoir découvert, lors de fouilles sur ce camp de « transit et reclassement » de la population Harkie, les vestiges d’un cimetière d’enfants matérialisés par la présence de petites tombes et plaques funéraires.

Des enterrements de fortune qui pourraient correspondre à ceux de ces dizaines de jeunes enfants et nourrissons, morts de faim et de froid dans cet autre camp de la mort, selon d’innombrables témoignages concordants de proches d’enfants morts entre 1962 et 1965 au camp de Rivesaltes.

Tombes vides

« Dans ce contexte, c’est évidemment plein d’espoir que je sois parti début décembre avec d’autres familles harkies du Gard à Perpignan à l’invitation de la préfecture. Et c’est accompagné de tous ces proches d’enfants morts lors de leur internement à Rivesaltes, que j’y ai reçu un véritable coup dur !dit Hacène Arfi.

Devant ces dizaines de familles en recherche, le secrétaire général de la préfecture annonce que les tombes découvertes un mois plus tôt sont tout simplement… vides. “Seuls deux ossements ont finalement été découverts dans ce cimetière”ont poursuivi, toujours devant les familles, les archéologues de l’INRAP1 ayant effectué les fouilles et également présent à cette rencontre de l’horreur.

« Où sont les corps des enfants ? Où pourrait être celui de mon petit frère ? Où et pourquoi ont-ils été déplacés »Hacène Arfi, plein de douleur, se posait encore ce froid samedi matin du 21 décembre. A ces multiples questions, l’homme affirme n’avoir reçu aucune réponse valable. Ni de la mairie de Rivesaltes, ni même de la préfecture.

« Ces enterrements et transferts de corps injustifiés, de surcroît dans un lieu inconnu et effectués sans autorisation ni même information des familles, ont été nécessairement décidés par les autorités. Leurs décisions, à la fois scandaleuses et illégales, bouleversent des dizaines de familles.»dénonce celui qui se joindra, s’il le faut pour connaître la vérité, au combat judiciaire sur le point d’être engagé par une famille harkie des Alpes-Maritimes.

Marqué, usé, traumatisé par la guerre, l’exil, mais aussi par son internement dans un camp où il a vécu, entre autres horreurs, la mort d’un petit frère, Hacène Arfi, 67 ans, se lance désormais dans ce qu’il décrit. comme le dernier – mais aussi l’un des plus importants – combats de sa vie : tout faire avant de mourir, honorer cette dernière promesse qu’il a faite à sa mère.

La promesse d’offrir à ce frère, qu’il n’a connu que quelques heures, une sépulture digne. Tout comme ce que mérite tout être humain, qu’il soit Harki ou non.

1 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives.
 
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