Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) estime que le choix de déplacer le port d’attache du service de traversier à Cacouna pourrait exposer, en moyenne, davantage de bélugas au bruit du traversier. L’organisme scientifique estime néanmoins que des solutions existent.
Il y a près de cinq ans, la Société des traversiers du Québec sollicitait l’avis du GREMM pour évaluer l’impact sur les bélugas d’un traversier à Cacouna comparativement à Rivière-du-Loup.
Son directeur scientifique, Robert Michaud, souligne que peu importe le trajet emprunté par le traversier, il se retrouve dans l’habitat essentiel du mammifère marin.
L’idée d’une crèche à Cacouna, avancée par des militants à l’époque, n’existe pas
précise le chercheur. Les femelles parcourent l’habitat essentiel avec leurs petits.
Cependant, une zone de concentration de bélugas est située au large de Cacouna.
Grâce à une carte de répartition des espèces emblématiques, les chercheurs peuvent confirmer que le traversier rencontrera davantage de bélugas sur son passage.
L’habitat essentiel du béluga est la zone où les femelles mettent bas et élèvent leurs petits. Ce territoire, délimité par des scientifiques depuis 2012, est situé entre Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Simon et Les Escoumins. L’habitat comprend également la rivière Saguenay jusqu’à la baie Sainte-Marguerite.
Elle est protégée par la loi sur les espèces en voie de disparition depuis 2016. Les navires doivent en tout - garder une distance de 400 mètres, l’équivalent de quatre terrains de football, de ces baleines blanches.
Actuellement, le parc marin couvre une petite partie de l’habitat essentiel.
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Si le Saaremaa I peut adapter son itinéraire en fonction de la concentration de bélugas mesurée en - réel dans l’estuaire, le nouveau port d’attache du traversier à Gros-Cacouna s’avérerait alors une option avantageuse pour les bélugas, souligne toutefois le chercheur. .
Le GREMM développe un simulateur du trafic maritime et des déplacements des bélugas. Ce simulateur est efficace
mentionne M. Michaud. Cet outil est développé le Laboratoire interdisciplinaire de simulation socioécologique, dirigé par le professeur Clément Chion de l’Université du Québec en Outaouais.
Ce simulateur permet d’évaluer le nombre de bélugas exposés au bruit et surtout, à combien de décibels ils sont exposés sur un parcours par rapport à un autre.
Le résultat est sans équivoque : si le navire passe par le nord-est de l’île aux Lièvres, plus de bélugas sont exposés au bruit que si on garde la route qui passe par le sud-ouest de l’île, comme le fait actuellement le traversier [à partir de Rivière-du-Loup]
explique M. Michaud.
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Lièvre Island (Archive photo)
Photo: Mathieu Dupuis
Là où le port de Gros-Cacouna offre un avantage, c’est que sa position permettrait au capitaine du traversier de choisir un itinéraire, d’une heure à l’autre, selon la saison ou l’heure de la journée, en fonction des probabilités de rencontre des bélugas. Le navire pourrait donc passer à droite ou à gauche de l’île.
Selon le directeur scientifique de GREMMles bélugas se rassemblent en grand nombre au sud-ouest de l’île aux Lièvres pour manger du hareng chaque printemps, lorsque les poissons frayent. C’est un endroit important pour les femelles bélugas.
On pense que l’alimentation printanière des femelles est un élément essentiel du cycle de reproduction.
précise Robert Michaud. Ils ont à ce moment-là des besoins énergétiques spécifiques.
Or, le traversier se faufile actuellement par ce petit passage entre l’île aux Lièvres et les récifs de l’île aux Fraises, jusque dans le garde-manger des bélugas.
À première vue, Cacouna–Saint-Siméon ne constitue pas un avantage par rapport à Rivière-du-Loup, mais si on adopte des stratégies de navigation alternatives et adaptatives et qu’on a les outils pour prédire la présence des bélugas, on pourrait contribuer, au moins pour cela la question de l’exposition au bruit, à la récupération des bélugas.
Robert Michaud et son collègue Clément Chion travaillent à la mise en place d’un système de prédiction au profit de la Société des traversiers du Québec (STQ).
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Robert Michaud est président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d’enseignement sur les mammifères marins (GREMM).
Photo: - / Fabienne Tercaefs
Déterminer le scénario optimal
Lors de la conférence de presse de jeudi, le STQ n’a pas dévoilé le trajet qu’empruntera le traversier à partir de Cacouna, à partir de 2028.
La société d’État n’a pas été en mesure d’indiquer, en raison de la période des Fêtes, si elle entend évaluer l’option proposée par le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins.
Le STQ poursuivra son travail avec les groupes environnementaux, notamment GREMMafin de déterminer le scénario optimal pour opérer tout en respectant l’habitat essentiel du béluga
elle répond par email.
Nous veillons à ce que cet aspect soit pris très au sérieux dans le cadre du projet et du STQ souhaite mettre en œuvre les meilleures pratiques possibles pour l’exploitation de Saaremaa I à Cacouna.
D’autres facteurs ayant des répercussions sur le béluga devront également être étudiés, rappelle Robert Michaud. Les dragages au port de Gros-Cacouna prévus en 2025 sur une période de 10 ans, ainsi que les usages au port de Cacouna et à celui de Rivière-du-Loup doivent être pris en compte, selon lui.
Dès janvier prochain, le STQ entend lancer le processus d’autorisation environnementale, comme l’analyse du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) afin d’aménager des structures temporaires au port de Gros-Cacouna. Ce processus devrait durer jusqu’en avril 2028.
Le GREMM assure qu’il suivra le processus. Mais son directeur scientifique souligne que les conditions environnementales évoluent rapidement avec le changement climatique.
Nous disposons de quelques indicateurs qui suggèrent que la distribution [des bélugas] pourrait être modifié dans les années à venir. Il faudra rester très vigilant
souligne-t-il.
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