mouette« Les Chinois seront encore plus agressifs »
Mais si la balance commerciale est en faveur de l’Europe, «Le gros talon d’Achille de l’économie européenne est qu’elle est un géant économique qui dispose de peu de ressources en matières premières et en énergie. Ce qui nous rend très dépendants“, commence l’économiste et professeur à l’Ieseg School of Management Eric Dor. “Le traité UE-Mercosur pourrait contribuer à faciliter l’accès aux matières premières, mais il bloque», glisse-t-il au passage.
«Si les États-Unis ne veulent pas que la Belgique retire ses F-35, ils resteront cloués au sol. Il faut comprendre cela »
« Le protectionnisme sera néfaste pour deux raisons : du fait de la baisse des débouchés, et d’autre part par les répercussions chinoises.», poursuit-il. En clair, comme les Chinois seront eux aussi touchés par ce protectionnisme américain, »ils seront encore plus agressifs sur le marché européen» et un flot de produits chinois pourrait arriver sur le Vieux Continent.
“Il faut des munitions dans le canon”
Des menaces, des menaces, toujours des menaces. Trump adhère à cette rhétorique. Mais l’Europe ne peut-elle pas, elle aussi, montrer ses muscles ?
“Le problème est qu’il faut des munitions dans le canon. Nous pouvons prendre des mesures de rétorsion, nous pouvons taxer Harley Davidson, mais cela ne représente pas grand-chose. Précisément parce que nous importons principalement de l’énergie et des produits pharmaceutiques. Mais les Américains ne sont pas compétitifs face aux Chinois. Trump se plaint de ne pas voir de voitures américaines en Europe. Mais tout simplement parce que peu de gens en veulent, ils ne sont pas compétitifs, hormis des marchés de niche ou Ford qui a adapté ses entreprises en Europe et propose des modèles adaptés.», poursuit l’économiste. « Alors que les Etats-Unis importent beaucoup de voitures de luxe européennes »dit-il.
mouette«Trump se plaint de ne pas voir de voitures américaines en Europe. Mais tout simplement parce que peu de gens en veulent.»
“On peut essayer de bluffer, mais il faut être crédible. Même la présidente de la BCE, Christine Lagarde, conseille à l’Europe d’importer davantage et de faire quelques concessions à Trump.», poursuit-il.
Trump, « l’idiot utile » de la Russie ?
L’autre question est de savoir si Trump n’est pas le meilleur représentant des intérêts russes.
“Nous importons beaucoup de gaz (GNL) des États-Unis, mais toujours de Russie. Sauf qu’il fait le tour de la planète avant d’arriver ici», rappelle Eric Dor, alors que de nombreux hydrocarbures finissent sur le marché européen, malgré les embargos, après avoir traversé plusieurs pays ou des bateaux ayant changé de pavillon.
mouette“Il y a beaucoup de pétrole russe qui transite par des flottes zombies.”
« Il y a beaucoup de pétrole russe qui transite par des flottes zombies. Ce sont des bateaux non assurés, car ils transportent du gaz ou du pétrole russe et les compagnies d’assurance refusent de les couvrir. Mais ils naviguent toujours et passent sous les radars et cela nous revient via les pays asiatiques. Mais il y a des cas d’accidents, de marées noires.», assure-t-il.
“Nous sommes dépendants des importations d’énergie, la Norvège ne suffit pas. La Russie dispose d’énormes ressources, nous ne pouvons pas l’éliminer du jeu. Et les Chinois ne sont pas timides», poursuit-il.
«C’est le paradoxe. Ceux qui ont voté pour Donald Trump seront les premières victimes de sa politique économique.»
“Et évidemment, ce sera une bonne nouvelle pour la Russie ! Nous ne pourrons pas tout contrôler et si nous voulons nous passer du gaz américain, cela relancera la nécessité d’importer de l’énergie russe, officiellement ou officieusement. Trump est une très bonne affaire pour la Russie de Vladimir Poutine. Et c’est sans parler de sa menace de retirer le parapluie nucléaire européen si nous n’achetons pas davantage d’équipements de défense américains, comme le F-35 mais pas seulement», poursuit l’économiste. Mais pour les États-Unis, ce rapport de force est également plutôt « gagnant ».
« C’est un protectionnisme défendu aussi bien par les républicains que par les démocrates, sauf que les démocrates sont plus polis. Mais ils veulent tous plus d’affaires, et plus en faveur des Etats-Unis.»affirme-t-il.
Une victime : les petits consommateurs (et la Belgique aussi)
Les menaces de taxes douanières et de protectionnisme pourraient relancer la production interne aux Etats-Unis, mais cela entraînera forcément une hausse des prix (via des tarifs douaniers sur les importations mais aussi moins de compétitivité sur les prix). “C’est le problème de Trump. Il veut protéger les Américains, mais toutes ses décisions ne font qu’augmenter les prix et provoquer des guerres commerciales. ce sont les classes populaires qui en paieront le prix», dit-il.
“Ce protectionnisme est également une mauvaise nouvelle pour nous. Et la Belgique, avec son économie ouverte, risque d’en souffrir. Elle n’est pas le premier exportateur vers les Etats-Unis mais si l’Allemagne et la France souffrent, elle subira des effets domino et les entreprises sous-traitantes belges en paieront le prix à leur tour.“, term-t-il.
Gregory Daco (EY) : « Il va y avoir un changement assez important dans l’ordre économique avec Donald Trump »
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