Accords sur les prix, pressions sur les distributeurs, mesures de rétorsion… Jeudi 19 décembre, l’Autorité française de la concurrence a condamné 12 entreprises du secteur de l’électroménager à une amende de 611 millions d’euros. La raison ? Les dix fabricants et deux distributeurs (à savoir Boulanger, Darty, BSH, Electrolux, Whirlpool (Indesit), LG, Miele, SEB, Smeg, Andy Hoover, Eberhardt) se sont mis d’accord sur les prix de certains produits, tout en mettant en place tout un système de surveillance des distributeurs. …Pratiques” particulièrement graves dans la mesure où elles étaient institutionnalisées, mises en œuvre dans le secret et concernaient une grande partie des acteurs présents sur ce marché », note l’autorité dans son communiqué publié le 19 décembre. Pour les consommateurs, les prix de certains produits ont été maintenus artificiellement plus élevés.
Les événements se sont déroulés entre 2007 et 2014. Les douze entreprises se sont mises d’accord sur le prix de certains gros appareils électroménagers (lave-vaisselle, sèche-linge, réfrigérateur, congélateur, cuisinière, micro-ondes, table de cuisson, etc.) et du petit électroménager (aspirateur, fer à repasser, aliments). processeur, bouilloire, cafetière, épilation, etc.). Ces entreprises ont communiqué avec « langage codé pour masquer les instructions de prix « . Conscients qu’ils n’avaient pas le droit de contrôler les prix de revente de leurs produits », ont-ils mentionné par exemple « prix conseillés » qui étaient en fait des prix à respecter, constate l’autorité.
Ces sociétés ont également surveillé certains distributeurs pour vérifier qu’ils respectaient les prix indiqués. Les industriels ont préféré éviter le téléphone et les mails, privilégiant les rendez-vous physiques. Enfin, les distributeurs étaient sous pression constante, contraints de respecter les prix et les interdictions de vente en ligne imposées par les fabricants, précise encore l’autorité.
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Pressions, mesures de représailles…
Certains produits ne devraient en effet pas être vendus sur internet, afin de privilégier les points de vente physiques et les distributeurs historiques (au détriment des nouveaux sites en ligne). Et certains constructeurs n’ont pas hésité” de recourir à des mesures de rétorsion (retards et arrêts de livraisons, mise en place de systèmes de vente exclusive, etc.) à l’encontre des distributeurs ayant refusé de respecter ces instructions tarifaires », note l’autorité dans son communiqué.
Concrètement, ces 12 entreprises voulaient empêcher les nouveaux sites internet de commercialiser leurs appareils « à prix cassés ». Alors que les ventes en ligne étaient en plein essor, « ces pratiques ont éliminé la concurrence intra-marque, empêchant les consommateurs de bénéficier de prix plus attractifs pour l’achat de leurs produits de petit et gros électroménager. », regrette l’autorité. Du côté des distributeurs, ces mesures illicites ont en fait renforcé les acteurs déjà en place. Selon les estimations d’un distributeur citées par l’autorité de la concurrence, « la grande majorité (environ 95%) des distributeurs présents en ligne au début des pratiques ont disparu ou ont été rachetés par les distributeurs traditionnels ».
Ces pratiques particulièrement grave » ont été sanctionnés, plus de dix ans après les faits, d’une amende de 611 millions d’euros, dont 109 millions pour Fnac Darty et 84 millions pour Boulanger. L’autorité pointe en effet du doigt Darty et Boulanger, « distributeurs (qui, par leur poids, auraient pu mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles « . Or, c’est tout le contraire qui s’est produit, puisque « Darty et Boulanger appliquaient non seulement des directives de prix, leur permettant ainsi de préserver leurs marges, mais ils exerçaient également un réel contrôle sur les autres distributeurs, n’hésitant pas à signaler aux constructeurs ceux qui ne respectaient pas les prix conseillés. ».
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Source :
Décision de l’Autorité de la concurrence du 19 décembre 2024
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