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un mineur demande l’arrêt des procédures pour éviter d’être condamné

La défense de l’un des trois mineurs coupables d’homicide involontaire en lien avec le décès d’un sans-abri à Toronto en 2022 demande l’arrêt des procédures, car les droits constitutionnels de sa cliente auraient été violés lors de sa détention préventive. Un arrêt des poursuites pénales signifierait que la jeune fille de 16 ans ne serait pas condamnée, même si elle a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire.

Kenneth Lee est décédé après avoir été agressé et poignardé par huit mineurs dans la nuit du 17 au 18 décembre 2022, au centre-ville de Toronto, selon la police.

Arguments constitutionnels

Son avocate, Anne Marie Morphew, affirme que les droits de sa cliente ont été violés à plusieurs reprises en vertu des articles 7, 8, 12 et 15 de la Charte.

La défense du mineur n°6 est la seule du groupe de quatre accusés ayant plaidé coupable dans cette affaire à avoir déposé une demande de suspension des poursuites pénales.

Photo : - / David Horemans

Me Morphew affirme que son client a été fouillé sept fois de manière déraisonnable et illégale au centre de détention pour mineurs de Woodview, près de Londres, pendant sa détention provisoire.

L’avocat qualifie ces fouilles corporelles de abusif, humiliant et injustifié et une violation de la vie privée de son jeune client.

Elle avance qu’il existait d’autres méthodes comme le recours à la technologie (avec des détecteurs de métaux, NDLR) ou retirer un vêtement à la fois ou utiliser une serviette pour couvrir le corps.

Charte canadienne des droits et libertés

  • Art. 7 : droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne
  • Art. 8 : droit à la protection contre les perquisitions ou saisies abusives
  • Art. 12 : droit à la protection contre tout traitement ou peine cruel et inusité
  • Art. 15 : égalité devant la loi indépendamment de toute discrimination fondée sur la race, l’origine ethnique, la religion, le sexe, l’âge, etc.

Source : Gouvernement du Canada

Me Morphew rappelle qu’un homme était même présent lors d’une perquisition, même s’il ne pouvait pas voir son client.

Elle avait 14 ans, elle était vulnérable, elle n’avait jamais été arrêtée ni fouillée de sa vie» a-t-elle déclaré, affirmant que l’impact sur sa santé mentale était important.

Un directeur de la prison de haute sécurité de Woodview a témoigné mardi dans le cadre du recours constitutionnel des adolescents.système d’exploitation 4 et 6 concernant leurs fouilles à nu pendant leur détention provisoire.

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La juge Marie Sirivar a ordonné en janvier 2023 le transfert des 8 accusés dans un centre de détention pour mineurs semi-ouvert afin que les fouilles à nu cessent. On la voit ici lors de l’enquête sur la libération sous caution de l’adolescent n° 8 (de dos), le 10 février 2023.

Photo : - / Pam Davies

Brennan Goman a expliqué à la Cour que la réglementation sur les perquisitions dans son établissement avait été modifiée en octobre 2022.

Il est désormais interdit de fouiller un mineur entièrement nu. Une directive à ce sujet avait alors été envoyée à l’ensemble du personnel.

Cependant, la directive n’a pas été suivie à la lettre, puisque les accusés qui y ont été envoyés après leur arrestation ont affirmé qu’ils avaient bien été fouillés à nu.

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L’audience collective de libération sous caution de sept des huit adolescents a eu lieu le 20 janvier 2023, ce qui a permis à la procureure Sarah de Filippis de transmettre ses preuves à tous les avocats de la défense avant le début des audiences individuelles.

Photo : - / Pam Davies

La violation de la réglementation a récemment forcé le ministère de l’Enfance et des Services sociaux et communautaires à fermer l’établissement.

Le ministère laisse entendre qu’il a des difficultés à embaucher du personnel, mais les audiences ont plutôt révélé que le ministère fait face à une poursuite civile.

Mme Morphew a également lancé une attaque à outrance contre le ministère, déclarant que les fouilles à nu se poursuivaient dans les centres de détention pour mineurs de l’Ontario.

Tout le monde au ministère savait ce qui se passait et personne ne s’inquiétait.dit-elle, ajoutant que les enfants sont les membres les plus vulnérables de la sociéténotamment son client, qui vient deun environnement pauvre et une communauté racisée victime de discrimination.

Acte d’accusation de la Couronne

La procureure Sarah De Filippis juge qu’un arrêt des procédures est un moyen trop radical remédier à la situation et empêcher la justice de suivre son cours en condamnant la mineure pour son délit.

Me De Filippis reconnaît que ces jeunes filles n’auraient jamais dû être fouillées à nu et que la réglementation a bel et bien été enfreinte.

Une suspension des procédures aurait un impact encore plus important sur l’intégrité de la justicepoursuit-elle, affirmant que l’erreur a désormais mis tout le monde sur ses gardes et que les fouilles des adolescentes font l’objet d’une attention particulière en détention.

Elle rejette les présomptions de M. Morphew selon lesquelles de telles fouilles sont systémiques et se poursuivent toujours dans la province.

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Adolescente n°3 en larmes, procureure et avocate de Filippis, Jordana Goldlist. Au fond, le juge Sirivar et un proche de l’accusé qui ne peut être identifié. C’est M. Goldlist qui a alerté le juge des fouilles à nu.

Photo : - / Pam Davies

Elle affirme que les fouilles corporelles aident à protéger les agents correctionnels et les détenus lorsqu’un accusé revient du tribunal ou de l’hôpital.

Le procureur écarte d’emblée toute violation de la Charte, car la vie du mineur No 6 n’a jamais été mise en danger, que sa détention préventive n’était pas cruelle et qu’elle n’a fait l’objet d’aucune discrimination en raison de sa couleur de peau comme le soutient la défense.

Elle rappelle enfin qu’un homme a été tué et qu’il ne faut pas perdre de vue le crime dont il a été victime. Ken Lee était aussi un être vulnérableconclut-elle.

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La défense de la mineure n°4, qui avait présenté ses arguments en faveur d’une réduction de peine dans le cadre de son recours constitutionnel concernant les fouilles à nu, a finalement décidé de se joindre à la défense de la mineure n°6 à la dernière minute en demandant également l’arrêt des procédures contre son client.

Photo : - / Pam Davies

Le juge a mis en délibéré la demande de suspension des procédures jusqu’au 28 janvier 2025. S’il la rejette, il devra alors condamner les adolescents N.système d’exploitation 4 et 6 sur la base des arguments juridiques qu’il a déjà entendus.

Santé mentale du mineur

Début décembre, M. Morphew avait invité le juge à prendre en compte la santé fragile de son client dans sa peine.

L’avocat lui a également demandé d’accorder à sa cliente un crédit de 10 mois à déduire du nombre de mois de probation qu’il compte lui imposer si sa demande d’arrêt des procédures est rejetée.

Parmi les 8 accusés dans cette affaire, l’adolescent No 6 est celui avec probablement le passé le plus sombre.

Elle a été retirée à ses parents à la naissance par les services à l’enfance avant d’être finalement confiée à sa grand-mère à l’âge de 9 mois.

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Ken Lee, 59 ans, a été victime, selon la police, d’une attaque mortelle à l’arme blanche en décembre à Toronto.

Photo : Fourni par le service de police de Toronto

Les audiences ont révélé qu’elle avait eu une enfance très difficile et qu’elle avait été victime d’intimidation, de menaces et de coups à l’école.

Timide et solitaire, elle s’était rarement confiée aux psychiatres de CHAM lors des examens psychiatriques ordonnés par le tribunal.

L’adolescent No 6 a également soumis une lettre de remords au juge dans laquelle elle disait regretter d’avoir participé à l’attaque collective contre Ken Lee.

Sa participation à cet attentat meurtrier lui pèse très lourd et elle ne cesse d’y penser.a expliqué son avocat.

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La petite place en béton (à gauche) avec les deux entrées vitrées des passages souterrains du centre-ville de Toronto, où a eu lieu l’attaque mortelle contre Ken Lee.

Photo : - / CBC

Morphew a fait valoir que le fait de ne pouvoir parler à personne lors de son arrestation avait également un impact profond sur sa santé mentale.

Ma cliente a commencé à intérioriser ses sentiments à propos de l’événement le plus important qui lui est arrivé dans sa jeune vie.avait-elle dit.

Elle a également soutenu que son client avait même été intimidé par ses 7 coaccusés lors de leur arrestation collective aux petites heures du matin du 18 décembre 2022.

Une vidéo de leur interpellation montre les adolescents l’accusant d’avoir poignardé le sans-abri. Pourtant, nous savons tous aujourd’hui que ce n’est pas elle qui a porté le coup fatalcontinua-t-elle.

La détention provisoire en jeu

L’avocate a ajouté que sa cliente n’avait pas de casier judiciaire, mais elle admet qu’elle a été arrêtée quatre fois alors qu’elle était en liberté sous caution avant d’être à nouveau libérée sous caution.

Elle a passé 211 jours en détention provisoire pour agression mortelle en 2022a-t-elle déclaré.

L’avocat a demandé au juge de lui accorder en conséquence un crédit de 317 jours sur la base d’un ratio de 1 : 1,5 pour chaque jour de détention, en raison des perquisitions et de sa ségrégation en détention après sa première arrestation.

La procureure De Filippis a même accepté de lui accorder un double crédit pour les perquisitions et la ségrégation à Woodview, mais elle a privilégié une période de prison plutôt qu’une période de probation.

Il est vrai que ses coaccusés n’ont pas été tendres avec elle et qu’elle s’est sentie rejetée, ce qui a rendu sa détention encore plus difficile au début.a-t-elle admis.

- a numéroté les huit accusés dans l’ordre dans lequel ils ont comparu après leur arrestation lors de leur enquête sur cautionnement pour éviter toute confusion.

 
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