Philippines, les petits chercheurs d’or
Disponible jusqu’au 20 décembre 2026 sur la plateforme Arte.tv
De petites bulles remontent à la surface de la boue. Pendant plusieurs heures, Hato travailla à remplir des sacs que son père remontait peu à peu à la surface. C’est cette boue compacte et lourde, recouvrant le corps presque nu du garçon de 13 ans, qui abrite les particules d’or.
Tel un « poumon de fer », ce mince tuyau relié à un compresseur d’air de fortune, habituellement utilisé pour gonfler les pneus. « J’espère toujours remonter à la surface. (…) Si vous avez de la chance, vous y arrivez, mais si vous n’avez pas de chance, vous mourez en dessous. » dit Hato en frissonnant. Son père craint d’être enterré à chaque fois qu’il descend, mais c’est le seul moyen pour eux d’acheter de quoi se nourrir et nourrir leur famille. Le poids de sa trouvaille du jour ? Huit grains de riz. Soit 24 € ; le prix possible de sa vie.
Un enfer moderne dans les entrailles de la terre
Cinquième réserve d’or de la planète, les Philippines ne disposent plus de sociétés minières, qui ont arrêté leurs extractions, faute de ressources. Une aubaine pour ce pays asiatique, estimée à deux milliards et demi d’euros et dont beaucoup profitent. À Paracale, une ville située au sud-est de Manille, une jeune femme, chef d’exploitation agricole, présente son appartement. Tout ce qu’elle possède, elle le doit à l’or. Mais elle ne culpabilise pas, elle emploie 60 personnes, “pour les aider”. « Plus nous avons de mineurs, plus nous gagnons » résume la femme. Parmi eux, des enfants ? ” Jamais ! “, rétorque-t-elle.
Auréolé à juste titre du prix Albert-Londres 2024 – dans la catégorie audiovisuel – pour ce documentaire, le journaliste Antoine Védeilhé rappelle sans détour que le travail des enfants est encore une réalité au XXIe siècle. Derrière la caméra – et également lauréat du prestigieux prix – Germain Baslé nous confronte à cet enfer moderne situé dans les entrailles de la terre, à travers des images d’une beauté très paradoxale.
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