Le transport de gaz naturel liquéfié en pleine crise : les commandes de navires ont explosé ces dernières années, mais les échanges n’ont pas suivi la même courbe. Cette surcapacité a fait chuter les coûts de ces méthaniers.
Le nombre de navires en opération ou en construction est faramineux : outre les 650 méthaniers en service l’an dernier, 68 ont complété la flotte en 2024, et le rythme des lancements sur le marché va encore s’accélérer jusqu’en 2027. » Plus de 50% de la flotte GNL est toujours en commande », résume un expert. L’écart est désormais si grand entre la flotte et le marché du gaz naturel liquéfié que certains analystes prédisent un hiver qui ressemblera à « fiasco ».
L’appétit des constructeurs a d’abord été aiguisé par les tarifs de fret très élevés de ces dernières années. Le début de la guerre en Ukraine pousse alors les armateurs à augmenter les commandes de méthaniers pour compenser le manque de gaz naturel russe qui n’arriverait plus en Europe.
Cependant, le développement des terminaux méthaniers a pris du retard et les volumes commercialisables ne sont pas au rendez-vous : les quantités exportées cette année n’ont augmenté que de 1%, contrairement à une croissance de 6 à 8% ces dernières années. Dans le même -, la demande européenne a été inférieure aux attentes, en raison de stocks confortables et d’un hiver relativement doux.
Le plus ancien perdre beaucoup d’argent »
Les prochains mois s’annoncent difficiles pour certaines compagnies, avec des navires immobilisés et d’autres dont les marges bénéficiaires deviennent négatives. Parce que les tarifs de fret se sont effondrés et sont tombés en dessous des coûts d’exploitation ces dernières semaines pour les navires plus anciens.
Entre octobre et novembre, les tarifs spot moyens ont par exemple baissé de 50 % pour les méthaniers équipés de turbines à vapeur, qui sont donc les moins performants, et la baisse se poursuit encore ces jours-ci, selon les données du courtier Clarksons. ” Ces bateaux perdent beaucoup d’argent aujourd’hui », confirme un interlocuteur, contrairement aux plus modernes qui s’en sortent mieux.
Ces navires, déjà obsolètes techniquement, le sont aussi désormais économiquement, pour le directeur de Flex LNG, société spécialisée dans le transport de GNL. Leur démolition ou leur recyclage pourraient, dans ce contexte exceptionnel, être remis en cause plus rapidement que prévu, dès qu’ils ne seront plus sous contrat.
La baisse des taux de fret n’affecte pas directement les prix du GNL, qui évoluent actuellement en sens inverse. Ils sont motivés par le manque d’offres disponibles et une demande croissante en Europe. Certains opérateurs chinois, bien approvisionnés, ont décidé d’en profiter et revendent une partie de leur stock pour profiter des prix élevés, selon l’agence Bloomberg, qui cite les initiatives de PetroChina et de l’entreprise publique Cnooc.
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