Sauvage – Canicule 2 // Par Robert Connolly. Avec Eric Bana, Anna Torv et Deborra-Lee Furness.
La libération de Sauvage – Canicule 2 (Force de la nature : Le sec 2 en VO) marque le retour du détective Aaron Falk, incarné par Eric Bana, dans une enquête mêlant drame personnel et suspense. Suite directe du film Canicule (Le sec), ce deuxième opus s’aventure dans une histoire plus complexe et ambitieuse. Malheureusement, cette ambition n’est pas toujours bien exécutée, ce qui donne un résultat mitigé. Si certains aspects restent réussis, d’autres entachent l’expérience globale. L’histoire suit Falk, qui rejoint une mission de recherche après la disparition inquiétante d’Anna Torv, son informatrice, lors d’un séminaire d’affaires en pleine nature. Ce décor forestier, isolé et potentiellement dangereux, se prête parfaitement à une atmosphère de tension.
En Australie, l’enquêteur Aaron Falk et sa coéquipière Carmen Cooper sont sur le point de faire tomber Bailey Tenants pour blanchiment d’argent. L’une des employées, Alice Russell, est l’informatrice qui doit leur fournir la dernière preuve décisive. Mais elle disparaît mystérieusement lors d’une randonnée organisée par son entreprise. Aaron et Carmen rejoignent les enquêteurs qui tentent de la retrouver.
Alors que Falk s’enfonce plus profondément dans cette quête, son passé refait surface, mêlant souvenirs douloureux et traumatismes jamais guéris. Le film semblait vouloir jouer sur plusieurs tableaux : un thriller captivant, une introspection psychologique et un mystère criminel. Cependant, cette multiplicité de lignes narratives devient vite un piège. Le problème majeur de Sauvage – Canicule 2 réside dans son scénario. Contrairement à son prédécesseur qui brillait par sa simplicité et sa maîtrise des ambiances, cette suite souffre d’une structure déroutante. Trois arcs principaux de l’histoire s’entrelacent sans réelle harmonie. A commencer par le groupe en séminaire. Les tensions entre collègues et leur lutte pour survivre dans cet environnement hostile auraient pu suffire à créer un thriller efficace.
Ensuite, les traumatismes de l’enfance de Falk. Même s’ils apportent une certaine profondeur au personnage, ces flashbacks récurrents ralentissent le rythme de l’histoire. Et enfin, la chasse au tueur en série. Ce fil narratif, bien que séduisant sur le papier, semble sous-développé et décevant dans sa résolution. En essayant de tout inclure, le film n’aborde pas vraiment aucun de ces aspects. Résultat : une intrigue qui manque de cohérence et qui peine à retenir l’attention. Eric Bana reste l’atout majeur de ce film. Son interprétation d’Aaron Falk est sobre et nuancée, fidèle à l’esprit du premier opus. Il semble toutefois freiné par un scénario qui ne lui donne pas assez de matière pour briller pleinement. Parmi les personnages secondaires, Anna Torv tire son épingle du jeu, offrant une performance crédible et attachante. Deborra-Lee Furness, quant à elle, se démarque par une présence charismatique et mémorable.
D’un autre côté, de nombreux autres personnages semblent fades ou caricaturaux, ce qui rend difficile pour le spectateur de s’investir émotionnellement dans leur sort. D’un point de vue visuel, Sauvage – Canicule 2 ne déçoit pas. Les paysages australiens, filmés avec soin, apportent une dimension immersive indéniable. La forêt dense, à la fois majestueuse et menaçante, devient presque un personnage à part entière. La cinématographie élégante et la bande-son atmosphérique renforcent cette immersion. Cependant, malgré cette qualité esthétique, la mise en scène manque d’audace. Là où le premier film réussissait à établir une tension palpable, cette suite peine à retrouver la même intensité. Les décors naturels, bien que plaisants à l’oeil, ne suffisent pas à compenser le manque de dynamisme de la réalisation.
L’un des choix narratifs les plus discutables est le recours massif aux flashbacks. Bien qu’ils visent à étoffer le personnage de Falk et à explorer ses blessures passées, leur insertion constante finit par casser le rythme du film. Plutôt que d’enrichir le récit, ces flashbacks donnent une impression de lourdeur, voire de maladresse. Autre point faible : la résolution de l’intrigue. Certaines découvertes clés semblent trop faciles, comme si elles étaient tombées du ciel pour faire avancer l’histoire. Par exemple, Falk trouve sans effort un lieu resté inconnu pendant des décennies, un raccourci qui laisse une impression d’artifice. Ces choix affaiblissent la crédibilité du récit et risquent de frustrer les amateurs de thrillers bien ficelés.
Le premier Canicule avait réussi à instaurer une atmosphère oppressante et unique, mêlant chaleur écrasante et lourd mystère. Dans cette suite, l’ambiance reste travaillée mais n’atteint jamais le même niveau d’intensité. Le dépaysement, des terres arides aux forêts, est certes rafraîchissant, mais il lui manque la singularité qui faisait la force du premier film. En fin de journée, Sauvage – Canicule 2 reste un thriller correct, mais loin d’être mémorable. Si l’on peut saluer certains aspects comme le jeu d’Eric Bana et la qualité visuelle, le film souffre d’un scénario trop fragmenté, de personnages secondaires inégaux et d’une mise en scène qui manque de personnalité. Il s’agit plus d’un divertissement passable que d’un thriller captivant.
Pour les fans du premier opus, cette suite saura offrir quelques moments agréables, notamment grâce à son protagoniste et son ambiance mystérieuse. Mais il risque aussi de décevoir par son manque d’ambition et son incapacité à retrouver la magie du premier film. Jane Harper, l’auteur des romans d’Aaron Falk, a publié un troisième tome qui pourrait bien conclure cette trilogie cinématographique. Espérons que cette hypothétique adaptation tirera les leçons de Sauvage – Canicule 2 et revenir à ce qui faisait la force du premier film : une intrigue solide, une tension maîtrisée et un Aaron Falk plus humain que jamais. En attendant, Sauvage – Canicule 2 reste une expérience mitigée. C’est pour moi une œuvre superflue, qui peine à justifier sa place dans une série pourtant prometteuse.
Remarque : 4.5/10. En bref, une suite qui a du mal à correspondre à l’original.
Sortie le 16 octobre 2024 directement sur Canal+ – Disponible sur myCanal
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