Paul Domis, un jeune homme de 22 ans au chômage, s’est rendu samedi en fin d’après-midi à la gendarmerie de Ghyvelde, une commune limitrophe de la frontière belge où il vivait avec ses parents.
Il a reconnu avoir successivement tué le même jour un chef d’entreprise à Wormhout, puis deux agents de sécurité privée et enfin deux migrants de nationalité iranienne près de Dunkerque.
“La qualification d’assassinat a été retenue par le parquet pour les trois premiers faits commis […] et la qualification de meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime a été retenue par le parquet pour les deux derniers meurtres”, a déclaré la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, lors d’une conférence de presse.
Il reste « de nombreuses questions » sur ses motivations et « aucune conclusion définitive ne peut être tirée pour le moment », a-t-elle prévenu.
Mais “la première personne tuée à Wormhout était le dernier employeur de l’accusé” : ce chef d’entreprise de 29 ans, abattu devant son domicile, “avait licencié l’accusé au début du mois d’octobre”, », a ajouté le procureur.
De même, Paul Domis avait « travaillé six mois pour l’entreprise qui employait les agents de sécurité tués » alors à Loon-Plage, dans une zone portuaire proche de Dunkerque, a-t-elle poursuivi.
Le jeune homme n’a pas évoqué de “dispute particulière” avec ces deux victimes âgées de 33 et 37 ans, mais un ressentiment “porté davantage sur la gestion” de leur entreprise, a précisé le procureur.
Arme pointée sur le père et le fils
“Le mobile doit encore être étudié” concernant les deux derniers meurtres de migrants du Kurdistan iranien, âgés de 20 et 28 ans, selon Mme Huet.
Le bilan aurait pu être encore plus lourd : lors de ces deux derniers meurtres, le tireur présumé « avait pointé et dirigé son arme » vers deux autres personnes, un père et son fils qui passaient par là en voiture, a souligné le procureur.
L’accusé est également poursuivi pour “violences avec arme sans incapacité” et “acquisition, détention, port et transport d’armes de catégories B et C”.
Paul Domis, jusqu’alors totalement inconnu de la police et de la justice, risque la réclusion à perpétuité.
Son comportement lors de sa garde à vue, où il a répondu à toutes les questions posées par les enquêteurs, n’a révélé aucun élément témoignant d'”une altération ou d’une abolition du discernement” et il n’avait consommé ni drogues ni alcool, a ajouté Mme Huet.
Cinq armes à feu ont été retrouvées dans sa voiture et 12 autres à son domicile. Les crimes ont été commis avec un fusil de calibre 44 et dans l’un des meurtres, un fusil de chasse de calibre 12 a également été utilisé, a-t-elle détaillé.
Depuis 2023, Paul Domis est membre du club de tir sportif « La Jean Bart Tir » à Leffrinckoucke, près de Dunkerque.
“Il était très discret et ne faisait pas parler de lui”, a expliqué mardi à l’AFP René Jossien, le président de ce club.
Lundi soir à Dunkerque, plus de 200 membres des “Ultras Dunkerquois” se sont rassemblés pour rendre hommage à l’un des deux agents de sécurité tués qui assuraient également la sécurité du stade de football, a constaté un correspondant de l’AFP.
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