l’essentiel
Depuis juillet 2024, des travaux sont en cours sur la commune d’Auzits. En cause : la réouverture du Riou Viou, bloqué depuis la Première Guerre mondiale, et prolongé dans les années 1970. Cette structure fragile présentait un risque d’obstruction et d’inondation.
Avec l’industrialisation liée à l’activité minière du Bassin de Decazeville, de nombreux cours d’eau ont été déplacés, rectifiés voire détournés. A Auzits, le Riou Viou traverse le village via un ouvrage souterrain construit pendant la Première Guerre mondiale et agrandi dans les années 1970. Sous-dimensionné, le passage canalisé augmente les risques d’inondation dans le village, d’autant plus en cas d’embâcles. se retrouvent coincés à l’entrée de l’ouvrage, obstruant les écoulements et favorisant les débordements.
Cette structure présente également un état structurel dégradé qui constitue une menace pour la sécurité civile en cas d’effondrement. Entre risques d’inondations et enjeux environnementaux, structurels ou paysagers, les travaux de réouverture du Riou Viou sont en cours depuis juillet. Dans le secteur amont, le Riou Viou se dévoile d’abord dans une zone restreinte entre les immeubles et la route départementale. En aval, il est libre de trouver un espace de mobilité et une zone naturelle d’expansion des crues.
Vers une renaturation et la réouverture de la route départementale
Ces travaux sont rendus complexes par le fait qu’ils impliquent de multiples acteurs : département, communauté de communes, etc. L’année dernière, le pont a été reconstruit par le département, avec la suppression de la pile centrale afin d’éviter les embâcles. La Communauté de Communes du Pays Rignacois est chargée de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (GEMAPI). Elle a délégué son contrôle au syndicat du moyen bassin du Célé-Lot.
L’achèvement du gros œuvre est prévu vers le 10 novembre. Pour Benoit Olivié, maire d’Auzits, « c’était la partie la plus compliquée à réaliser. Nous devrions désormais être sereins face à cette crue décennale.» Le gros oeuvre est réalisé par l’entreprise Sévigné d’Aguessac, avec un lâcher des eaux du Riou Viou prévu le 30 octobre (loi sur l’eau). La mairie d’Auzits “a beaucoup apprécié l’écoute, la qualité et le sérieux de l’entreprise”.
Ensuite, les travaux de renaturation du site auront lieu. La route départementale traversant Auzits rouvrira dans le courant du mois de novembre à toute circulation. La fin des travaux sera suivie de l’opération « cœur de village » qui débutera en février 2025.
Un budget de 825 000 euros hors taxes
Le coût des travaux est de 825 000 € HT (incluant le surcoût de 200 000 € pour la gestion des sols pollués présents sur le site). Le financement est assuré par l’État (30 %), l’Agence de l’eau Adour-Garonne (23 %), la Région Occitanie (12 %), l’ADEME (10 %) et la communauté de communes du pays de Rignac (25 %). Une demande d’aide complémentaire a été adressée à la Fondation du Patrimoine pour alléger la charge qui pèse sur la communauté de communes.
Dans le cadre de l’événement « CéLot’omne », animé par le syndicat du terre-plein médian du Célé-Lot, et dédié à la prévention des inondations, l’organisme a mis en place, pour la deuxième année consécutive, le « Crue Tour ». Une initiative qui propose une série de visites des sites ayant bénéficié des travaux, en lien avec la prévention. Le 15 octobre 2024, élus, partenaires, acteurs de l’eau et citoyens ont été transportés en bus pour découvrir les projets. S’ils se sont arrêtés à Auzits, ils ont également découvert le projet de plantation de haies anti-inondations à Boisse-Penchot, et les objectifs en cours à Figeac. Cette année, l’événement a réuni une quarantaine de personnes.
Les passages à gué scrutés de près
DDM-BHSP
Depuis 2023, le syndicat mixte du bassin médian du Célé-Lot réalise un plan pluriannuel de gestion des cours d’eau et des milieux aquatiques. Le cabinet Hydrétudes est actuellement mandaté par le syndicat paritaire pour étudier les points de passage à pied ou en engins, sur l’itinéraire Riou Viou à Auzits, Aubin et Cransac. Ainsi, depuis septembre dernier et jusqu’en mars prochain, Charlotte Cuisenier (ingénieur) et Denis Ducrocq (technicien géomètre) se rendent sur le terrain pour récolter des données.
« Quatre passages à gué et ouvrages ont été identifiés comme entraînant des désordres morphologiques sur le fleuve. Dans le cas du Riou Viou, ils sont renforcés par une dalle de béton prenant place dans le lit de la rivière. Ces aménagements artificiels forment une cascade et une fosse en aval, surlargeur du lit et conduisant à une accumulation de sédiments en amont. Le mauvais état (affaissement des dalles, fissures, écoulement) de ces ouvrages menace leur utilisation après une phase de diagnostic. Lors des aménagements, des solutions seront proposées, pour allier restauration hydromorphologique et usages, afin d’améliorer le fonctionnement du ruisseau et maintenir une traversée», explique Sylviane Faure, du syndicat paritaire.
Ce plan d’eau a été retenu pour cette opération car il est identifié comme zone refuge de la faune aquatique en cas d’étiages sévères (observés notamment en 2019, 2022 et 2023), grâce au maintien de poches d’eau lors de sécheresse.
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