Comme chaque année, l’esprit de Noël a envahi le Sénégal. Le pays vit au rythme des festivités, on se croirait même dans un pays chrétien même si les musulmans représentent plus de 95% de la population. Mais les Sénégalais se sentent bien dans cette communion que beaucoup trouvent fascinante.
Julie Atia, est une ressortissante gabonaise au Sénégal. Elle s’étonne car pour elle, « Au Sénégal, il y a quelque chose de spécial, c’est que pendant les vacances de Noël, on le ressent. Tout le monde est impliqué ; la ville est décorée, tout le monde est en fête, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. »
Et c’est une particularité très sénégalaise. Ici, la communion dans la célébration des fêtes religieuses n’a presque pas d’égal. En cette période de Noël, il est difficile de deviner que nous sommes dans un pays à plus de 95% de musulmans tant il vit au rythme de la fête. Au « Sénégal, il y a quelque chose de spécial, c’est que pendant les vacances de Noël, on le sent, tout le monde est impliqué, tout le monde est de la fête, qu’ils soient chrétiens, qu’ils soient musulmans, et c’est quelque chose qui me fascine à chaque fois. et chaque année. Alors, je le vis bien, je vis bien Noël au Sénégal. », raconte Julie Atia qui vit au Sénégal depuis 22 ans.
Cette communion lors des fêtes religieuses est un des symboles de la solidité du brassage religieux au Sénégal. Inviter un ami ou un voisin d’une autre religion est presque sacré. Didier Forbis habite à Sicap Baobabs, un quartier à forte concentration chrétienne. Assis devant sa maison, ce père de famille a déjà tout prévu pour le retour en ascenseur. « Avant, autrefois, seules les familles catholiques faisaient la fête. Mais il y a 25 ou 30 ans, c’est devenu plus ouvert. Je suis catholique, mais vous voyez un musulman qui m’invite chez lui pour Noël. Et moi, si j’emmène un autre ami musulman, je l’amène chez moi. C’est normal, hein, parce que pendant le tabaski, ils nous invitent ou ils nous font un repas copieux, ils nous servent à la maison ou ils nous invitent, ils nous donnent à manger. Nous célébrons ensemble les fêtes de Tabaski, comme nous célébrons Noël ensemble et les fêtes de fin d’année ensemble », dit-il.
Et cette harmonie fait du Sénégal un pays presque à part. Une exception que le frère Julien Mati Manga, vicaire dans une paroisse de Dakar, considère comme une bénédiction. Pour lui, « c’est quelque chose de profond, qui vient même des origines, je veux dire de Dieu. Parce que c’est Dieu qui a voulu que nous soyons frères et sœurs, étant de religions différentes. Il est donc fondamental qu’étant de religions différentes, ayant le même ancêtre Adam et Ève, nous nous réunissions pour célébrer ensemble. Ce n’est pas que Noël, tu vois, tabaski, c’est comme ça aussi. On sent dans toute la ville que tout le monde est en fête. C’est une réalité au Sénégal, et c’est une grâce que Dieu nous a donnée. Et nous devons continuer à entretenir, et même à partager cela avec d’autres qui ne connaissent pas, cette fraternité islamo-chrétienne qui nous lie et qui nous fortifie. »
Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, les Sénégalais jouissent avec une grande fierté de cette fraternité islamo-chrétienne. Une harmonie qui, espèrent-ils, résistera à la montée de l’extrémisme religieux.