Dans un internat près de Kiev, une quarantaine d’enfants, dont l’un des parents a été victime du conflit, soignent leurs traumatismes.
Un conflit qui ne finit jamais. Plus de deux ans et demi après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, et alors que Moscou revendique des avancées significatives sur la ligne de front et que les bombardements des deux camps se multiplient, ces longs mois de guerre ont laissé de profondes cicatrices dans la société ukrainienne.
En effet, de nombreux enfants se retrouvent orphelins, et sont hébergés dans plusieurs internats du pays, que BFMTV a pu visiter. A Semypolky, dans la région de Kiev, ils sont une quarantaine, âgés de 7 à 15 ans, à préparer les fêtes de fin d’année et à rédiger leurs listes de souhaits de Noël.
« J’ai écrit à ma maman, je te souhaite une bonne année, de l’argent, une longue vie, et surtout garder le sourire », écrit Alexi, 9 ans.
Lui et son ami Timur sont originaires de la ville de Butcha, tristement connue pour les exactions commises par l’armée russe au début du conflit. Tous deux ont perdu leur père, qui tentait de protéger la ville de l’avancée des soldats du Kremlin.
De son ancienne vie, il ne reste que des objets qu’il a emportés à la hâte, notamment une peluche qui ressemble à son chat Lucas, qu’il a dû laisser derrière lui.
« Beaucoup de parents partent à la guerre. Sans la guerre, ma mère n’aurait pas dû vendre son appartement, mon père serait toujours là, avec un travail. Cela a changé toute ma vie”, confie-t-il à BFMTV.
« Détresse psychologique »
Dans les dortoirs partagés par dix enfants, le traumatisme de la guerre n’est jamais loin. « Il y a deux mois, nous jouions au ballon, et juste au moment où nous avons frappé fort contre le dortoir des filles, il y a eu un grand boum. Et en fait ce n’était pas le ballon, on a compris que c’était un drone au-dessus de nous. Nous avons dû nous rendre dans les refuges », a expliqué Igor.
« La peur, c’est quelque chose qu’on ressent là-bas, ici », ajoute ce dernier en désignant sa poitrine.
Selon Oksana, présidente de l’association 7Fields qui gère cet internat, réunir ces enfants orphelins est nécessaire à leur bien-être.
“Dans leurs anciennes écoles, ils étaient souvent isolés, en détresse psychologique et en décalage avec leurs amis car ceux qui avaient encore leurs parents avaient du mal à comprendre leur douleur”, assure-t-elle, toujours sur BFMTV.
Dès la rentrée scolaire en janvier, de nouveaux enfants devraient arriver à l’internat. Originaires de Zaporizhia, près de la ligne de front, ils fuient les bombardements incessants dans cette zone.