l’essentiel
Mercredi 18 décembre à Auch, Jean-François Narbalas et son fils Abraham Garcia ont été condamnés en appel à 25 et 20 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Gers pour le meurtre de France Piechocki. John Narbalas a été acquitté de ce crime.
Un peu après minuit, après près de sept heures de délibéré, la cour d’assises du Gers a rendu son verdict dans l’affaire du meurtre de France Piechocki, le 10 mars 2020 au passage d’Agen. Elle a condamné Jean-François Nabarlas et Abraham Garcia à 25 et 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre. Une peine de moins de trois ans par rapport à celle de première instance pour le père, qui a de nouveau assumé la responsabilité d’homicide, et de deux ans pour le fils. En mars 2023 devant la cour d’assises du Lot-et-Garonne, ils ont été respectivement condamnés à 28 et 22 ans de réclusion criminelle.
Me Martial « scandalisé » par le verdict
John Nabarlas, qui avait initialement purgé 22 ans de prison, a été acquitté du crime, mais condamné à 4 ans de prison pour fraude à la carte bancaire. En détention provisoire depuis 2020 à la prison de Mont-de-Marsan, il a été libéré vendredi 19 décembre au petit matin. Un membre de sa famille est venu le chercher devant la maison d’arrêt. A l’annonce de la décision de justice, Me Romain Lehmann, avocat de John Narbarlas, s’est réjoui que « le jury n’ait pas cru au scénario de science-fiction, type Star Wars, du procureur général », tout en ayant « des pensées d’Abraham Garcia, qui est également innocent.
A l’issue de l’audience, Me Edouard Martial, en colère après la décision de justice concernant son client Abraham Garcia, a annoncé qu’il allait faire appel devant la Cour suprême (voir ci-contre). Lui qui avait plaidé pour l’acquittement de l’aîné des frères s’est dit “scandalisé” par le verdict. « Les débats sont partis du constat que les trois avaient participé au crime. Et à partir du moment où Jean-François Narbalas a reconnu avoir utilisé le téléphone d’Abraham pour prendre une photo de la tortue de la victime, la participation de mon client n’a pu être acceptée. »
Quant à Me Katy Mira, qui défend Jean-François Nabarlas, elle assure que son client « accepte la décision le concernant ». En revanche, “il est très attristé de voir un de ses fils une nouvelle fois condamné”, ajoute l’avocat montois.
Les proches de la victime « sont psychologiquement épuisés »
De son côté, la famille de la victime a quitté le palais de justice d’Auch sans les réponses qu’elle attendait. «Mes clients ne comprennent toujours pas», affirme Me Marie Andolfatto, avocate de la partie civile. Ils voulaient seulement des explications sur ce qui s’était passé et pourquoi. Mais ils n’en avaient pas. Et c’est très compliqué pour eux d’accepter.»
Pendant quatre jours, la fille et la petite-fille de France Piechocki ont suivi le déroulement d’un procès « qui a été particulièrement éprouvant », concède Me Jean-François Renaudie, également conseil de la partie civile. Ils ont dû se replonger une nouvelle fois dans l’horreur des faits. Lors des présentations des médecins légistes, ils se sont retrouvés une nouvelle fois face à des photos du visage tuméfié de leur ancêtre projetées sur grand écran. Et sans problème technique, ils auraient également dû se confronter aux photos d’autopsie, qui n’étaient finalement visibles que par les jurés. La petite-fille de la victime était accompagnée de deux de ses enfants. Des arrière-petits-enfants, âgés de 16 et 14 ans, venus « défendre » leur arrière-grand-mère. Le plus jeune adolescent a lu une lettre à la barre concernant la disparition d’une grand-mère qui était toujours là pour eux. Une grand-mère qui a élevé leur mère après que ses parents l’ont abandonnée et qui a aidé sa tante à prendre soin de sa fille handicapée au quotidien. Un courage salué par de nombreux protagonistes du dossier, comme le président et l’avocat de la défense Me Martial, qui a débuté sa plaidoirie en leur rendant hommage. Mais après quatre jours de débats, les proches de France Piechocki « sont épuisés psychologiquement ».
« Après tant d’années, il reste encore tellement de questions en suspens », déclare Me Jean-François Renaudie. Et c’est dur pour mes clients. On peut avoir autant d’épreuves qu’on veut, y aura-t-il un jour une vérité ? »