Arrêté en novembre après un refus d’obtempérer qui a failli blesser un policier, un jeune algérien de 16 ans est désormais activement recherché par la police.
Déchaînement de colère à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) d’Orvault. Les agents du centre de rétention de la banlieue nord de Nantes oscillent entre irritation et fatalisme, après l’évasion réussie, le 14 décembre, d’un adolescent au profil inquiétant. Agé de 16 ans, cet Algérien avait été interpellé un mois plus tôt, dans le quartier sensible de Bellevue, à l’ouest de Nantes, après un refus d’obtempérer couplé à une tentative de meurtre d’un des policiers qui l’avaient interpellé. poursuivait et qui a été contraint d’utiliser son arme à feu. Il s’agirait de la première évasion réussie de l’établissement d’Orvault, inauguré en 2007. Deuxième précision : cela fait 10 ans que les agents de l’EPM alertaient leur direction de l’existence d’un angle mort dans la cour de promenade de la prison. Un chemin emprunté allègrement par le jeune homme, pour s’évader.
« Nous avions identifié et signalé au comité technique l’existence de ce défaut dans la zone de promenade, malheureusement sans aucune conséquence »indique à Figaro William Cozic, délégué Force ouvrière Justice au centre pénitentiaire de Nantes. Placé hors de vue des agents de l’EPM – eux aussi en sous-effectif –, le jeune homme a escaladé un mur de six mètres de haut avant de se retrouver libre. Une prouesse rarissime donc, mais qui – selon les proches du lieu – devait se réaliser tôt ou tard, l’établissement n’ayant pas été conçu comme un lieu de haute sécurité. Loin de là, même. « Nous payons aujourd’hui les conséquences de choix politiques dont l’architecture de cet ensemble est le fruit »précise William Cozic. Trop de ressources ont été investies dans le matériel pédagogique au détriment de la sécurité la plus élémentaire . Même après ouverture, on voyait encore passer des contrôleurs qui trouvaient que ça manquait de convivialité… Cela donne une idée du niveau de déconnexion avec notre quotidien !
Profils ultraviolets
Pour le délégué syndical, les autorités pénitentiaires n’ont pas encore pris toute la mesure de la métamorphose du profil des détenus mineurs dans l’établissement au cours des 15 dernières années. “Le centre n’a pas été conçu pour accueillir des profils ultraviolents à la marseillaise, qui manient des armes à feu et tirent”, observe William Cozic. Reflétant l’agressivité croissante des détenus, un “mutinerie” avait partiellement paralysé l’EPM en mai 2023, avant d’être maîtrisé par l’intervention de l’équipe régionale d’intervention et de sécurité. Une unité surarmée basée à Rennes et habituellement déployée dans des maisons d’arrêt ou des centres de rétention, plutôt que pour mater des adolescents insoumis.
Les premiers écueils du site d’Orvault sont apparus assez tôt après l’inauguration de l’établissement, lorsque des paniers de basket ont dû être retirés après avoir servi lors de deux tentatives d’évasion. La direction interrégionale des services pénitentiaires est désormais sensibilisée aux failles de l’EPM et devrait procéder “en cas d’urgence” avec quelques réajustements. Les représentants du personnel attendent toujours de savoir si cela impliquera également des effectifs supplémentaires à la prison d’Orvault. Aujourd’hui, 45 surveillants pénitentiaires sont chargés de réaliser les travaux d’une équipe théorique de 53 personnes. Auparavant passé en prison en Espagne, l’évadé du 14 décembre est toujours recherché par la police.