« Ce qui est arrivé à Tête Blanche ne dépendait pas d’Emilie »

“Ce qui est arrivé à Tête Blanche ne dépendait pas d’Emilie”

Publié aujourd’hui à 12h33

« Elle était passionnée par tout ce qu’elle faisait. Emilie vivait à 200 à l’heure. Un mois seulement après le drame de Tête Blanche, Alexandre Deschenaux a rendu hommage à sa fille ce mercredi dans les colonnes de “Liberté”. La Fribourgeoise de 28 ans est décédée avec ses cinq compagnons de randonnée, à 3’500 m d’altitude, dans ce drame qui a semé la consternation en Valais et déplacé toute la Suisse.

Le groupe a quitté Zermatt en direction d’Arolla. Cinq membres d’une famille valaisanne, les Moix, s’entraînaient pour la Patrouille des Glaciers. Emilie Deschenaux se préparait également à la célèbre épreuve de ski-alpinisme, prévue du 15 au 21 avril. Elle était inscrite à la course sur le petit parcours, entre Arolla et Verbier. Elle a partagé la vie de David, l’un des trois frères décédés.

«J’ai perdu une partie de moi-même»

Ce samedi 9 mars, c’est Emilie qui a pu appeler les secours, à 17h19, pour les prévenir qu’un des membres du groupe était en difficulté, en plein foehn. « La ligne a été coupée », raconte le père de la jeune femme. J’imagine qu’elle cherchait du réseau. Ils avaient été surpris par le mauvais temps. (…) Je pense que c’est en cherchant le réseau qu’elle a dû se perdre et tomber dans une crevasse.» Malgré d’intenses recherches, son corps n’a pas été retrouvé à ce jour.

Alexandre Deschenaux raconte l’annonce désastreuse survenue dimanche 10 mars, alors que ses derniers espoirs de revoir sa fille en vie se sont envolés. « À ce moment-là, j’ai perdu une partie de moi-même, c’était comme si on m’arrachait un morceau de mon corps… C’était une sensation presque physique »

“Emilie était une personne brillante qui réussissait tout, elle était brillante et souriante”, confie Alexandre Deschenaux, 67 ans. Avec elle, tout s’est déroulé naturellement, à l’école, au collège, à l’université. A peine avait-elle terminé ses études de droit qu’elle a immédiatement trouvé un poste à la Direction des Ponts et Chaussées de Bienne.»

“C’est le destin”

Très sportive, Emilie avait notamment pratiqué la randonnée et le dépeçage de phoque avec ses parents. « Lorsqu’elle faisait son programme Erasmus en Islande, en 2019, elle m’a demandé si elle pouvait rester deux mois de plus pour faire du trekking », se souvient son père. Elle avait rencontré David Moix à l’Université de Fribourg. Et elle gravit de hautes montagnes et grimpa avec lui.

Alexandre Deschenaux s’est toujours inquiété pour ses filles, comme tout père. « J’avais peur quand Emilie roulait à moto et peur aussi quand elle commençait à grimper. Mais elle s’est entraînée et a maîtrisé ces risques. Ce qui est arrivé à Tête-Blanche ne dépendait pas d’elle.

L’homme est réputé pour son caractère solide, souligne le quotidien fribourgeois. Mais l’épreuve qu’il traverse n’en est pas moins terrible. « Heureusement, des amis sont là pour me soutenir », dit-il. Des amis m’appellent souvent et on parle de choses insignifiantes, ça me fait du bien, ça me tient debout.

Pour suivre le rythme, il monte souvent à cheval. « Chaque fois que je vois une chapelle, j’allume une bougie. Je me dis que c’est comme ça, que c’est le destin, que c’est écrit.» Et il se souvient des sages paroles d’une Valaisanne : « La montagne ne fera aucun mal à Emilie. »

Patrick Monay est rédacteur en chef adjoint de la rédaction de Tamedia. Il dirige la rubrique Suisse depuis 2018, après avoir couvert l’actualité des cantons romands depuis 2012. Né et domicilié en Valais, il rejoint la rédaction locale de 24heure en 2000, où il travaille sur la Riviera et dans le Chablais.Plus d’informations @PatrickMonay

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