autour du passage de Rafah, un jeu diplomatique à trois bandes

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L’armée israélienne opère du côté de Gaza du passage de Rafah, à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte. Image publiée le 7 mai 2024 par les Forces de défense israéliennes. FORCES DE DÉFENSE ISRAÉLIENNE VIA REUTERS

Dix-neuf ans après le retrait de l’État juif de la bande de Gaza, l’image des chars israéliens avançant sur la route de Philadelphie, le long de la frontière avec l’Égypte, et l’étoile de David flottant au-dessus du terminal de Rafah, ont provoqué un choc dans le monde arabe. Alors qu’il menace depuis des mois de vaincre les derniers bataillons du Hamas dans cette ville où sont massés plus de 1,4 million de Gazaouis, l’État hébreu a annoncé, mardi 7 mai au matin, avoir pris “contrôle opérationnel” du côté palestinien du point de passage, principal point d’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave.

Au Caire et à Washington, cette évolution a suscité des réactions très mesurées. Bien qu’opposés à une opération sur Rafah, qui pourrait provoquer une catastrophe humanitaire et un déplacement forcé de la population vers le Sinaï, l’Egypte et les Etats-Unis estiment que leurs lignes rouges n’ont pas encore été franchies. Le gouvernement israélien reste attaché aux négociations, qui ont repris mercredi au Caire, tout en menaçant d’avancer ses troupes ailleurs à Rafah afin d’exercer une pression sur le Hamas dans ces pourparlers.

Mardi, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a souligné qu’Israël avait informé son principal allié que son opération était « limitée dans sa portée, son ampleur et sa durée ». Pour l’administration de Joe Biden, la seule issue reste la conclusion d’un accord permettant la libération d’au moins une partie des otages israéliens, et la prise du terminal par Israël ne risque pas d’enterrer ces négociations. Washington maintient cependant son refus d’une opération plus vaste, qui sèmerait le chaos dans cette zone surpeuplée, d’où opèrent les Nations Unies et les organisations humanitaires.

La réponse égyptienne jugée timide

Le Caire, pour sa part, a condamné la menace que ce fait accompli israélien fait peser sur des négociations déjà fragiles et a mis en garde contre le risque d’un « cauchemar humanitaire » en cas d’expansion des opérations. Cette réponse est jugée timide par de nombreux Egyptiens qui dénoncent, sur les réseaux sociaux, une atteinte à la souveraineté du pays et une violation flagrante du traité de paix israélo-égyptien de 1979, suite aux accords de Camp David.

« Aucune mention n’a été faite des chars israéliens qui sont entrés dans le couloir de Salah Eddine. [la route de Philadelphie]. Aucune mesure de représailles diplomatiques n’a été annoncée, s’interroge Hossam El-Hamalawy, un chercheur égyptien exilé en Allemagne. L’État égyptien et l’armée sont réduits au rôle de spectateurs, voire de complices, des massacres en cours à Gaza. »

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