Le biopic “Back to Black” transforme Amy Winehouse en pâle midinette – rts.ch

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Disparue en 2011 à l’âge de 27 ans, l’icône de la soul est au coeur d’un biopic intitulé “Back to Black” réalisé par Sam Taylor-Johnson. Axée sur la relation amoureuse toxique entre le chanteur et Blake Fielder-Civil, la fiction s’avère bien plus fluide que l’excellent documentaire sorti en 2015.

Il aura donc fallu treize ans avant qu’un biopic sur l’emblématique Amy Winehouse, décédée en 2011 des suites d’une surconsommation d’alcool, puisse voir le jour. Mais était-ce vraiment nécessaire ? Si le succès du film semble assuré, comparé à la notoriété de la chanteuse, ce « Back to Black » tourné à jeun fait pâle figure en comparaison du redoutable « Amy » d’Asif Kapadia, documentaire sorti en 2015.

Il semble qu’en matière de biopics, la fiction reste incapable de restituer la fièvre, la passion et le génie artistique qui suintent de la réalité. Problème plus ou moins criant dans les récentes tentatives consacrées aux stars de la musique, de « Bob Marley » à « Bohemian Rhapsody » en passant par « Elvis », « Rocket Man », « Maestro » ou encore « Bolero ».

Un amour toxique

On dira, et c’est le moins que l’on puisse faire, que « Back to Black » conserve le mérite de mettre en avant une artiste aussi singulière que tragique. Qu’il s’agisse de rendre hommage à ce musicien au parcours fulgurant, disparu prématurément. Cette fiction nous permet de nous sentir proches de la vie intime, de l’intériorité d’Amy Winehouse.

Alors pourquoi ce sentiment de distance que l’on éprouve tout au long de ce biopic bien trop appliqué pour convaincre ? Car on ne verra ici rien d’autre qu’une surface, une imitation, aussi vaine que les images des paparazzi qui ont fait tant souffrir l’artiste et que le film s’efforce de critiquer sans se rendre compte qu’il procède de la même démarche meurtrière.

Car finalement, que nous montre « Back to Black » ? Amy a grandi dans le quartier londonien de Camden, entourée d’un père protecteur, animée par sa passion pour le jazz et sa voix déjà remarquable, inspirée par une grand-mère bien-aimée qui lui a suggéré son goût pour les vêtements vintage. Viennent ensuite l’ascension fulgurante, le refus de se transformer en une énième Spice Girl et, surtout, l’amour toxique qui liera la jeune femme à Blake Fielder-Civil et lui inspirera son plus célèbre album.

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Une illustration fluide

Ce fil romantique, qui laisse penser qu’Amy Winehouse n’a été que la victime d’un mauvais roman, une star qui n’aspirait, au fond, qu’à une vie normale, un mari, des enfants, ainsi que l’insistance sur les paparazzi, l’addiction à la drogue et à l’alcool, condamnent le film au désintérêt pour les fissures profondes du chanteur, génie musical, et des qualités d’écriture prodigieuses. Les rares scènes qui confinent à la complexité de son personnage trahissent un ensemble qui dresse le portrait confortable d’une artiste dont ne subsistent ici que les clichés évidents.

Si l’actrice Marisa Abela, que l’on a vue dans la série “Industry” et dans “Barbie”, fait de son mieux pour incarner Amy Winehouse à l’écran, sans éviter l’écueil de l’imitation, la cinématographie douce et épurée de Sam Taylor-Johnson (” Nowhere Boy », « Cinquante Nuances de Grey ») se contente d’illustrer une existence dont les zones d’ombre sont soigneusement édulcorées. Ainsi, le père d’Amy, présenté comme un homme gourmand et absent dans l’excellent documentaire d’Asif Kapadia, devient ici un modèle parental aimant et soucieux de la santé de sa fille.

Le résultat est un biopic sage et formaté aux antipodes du caractère flamboyant, fébrile et autodestructeur de son héroïne. Encore un biopic pour rien.

Rafael Wolf/ld

« Back to Black » de Sam Taylor-Johnson, avec Marisa Abela, Jack O’Connell, Eddie Marsan, Lesley Manville. A voir dans les cinémas francophones depuis le 24 avril 2024.

 
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