Le constructeur automobile japonais, numéro un mondial, a doublé son bénéfice net en 2023-2024, après avoir déjà dévoilé des ventes records fin janvier. Elle anticipe cependant une forte baisse de ses bénéfices pour son nouvel exercice 2024-2025, en raison d’investissements importants dans les nouvelles motorisations et le numérique.
Le géant japonais Toyota a déçu les investisseurs mercredi 8 mai en disant s’attendre à une baisse marquée de ses bénéfices pour son nouvel exercice 2024-2025, en raison de lourds investissements, éclipsant sa performance record sur son exercice écoulé.
Son bénéfice net de l’exercice 2023-2024, clos le 31 mars, a doublé sur un an, atteignant un nouveau niveau record de 4.944,9 milliards de yens (29,7 milliards d’euros), grâce notamment à l’envolée de ses ventes de véhicules hybrides et à la baisse de ses ventes. du yen, ce qui gonfle artificiellement ses résultats à l’étranger.
Le leader mondial de l’automobile a également bénéficié d’un effet de base très favorable sur un an, alors que ses résultats 2022-2023 ont été perturbés par la pénurie mondiale de semi-conducteurs et une envolée des coûts des matières premières.
Investissement de 12 milliards d’euros
Mais son bénéfice net devrait chuter de 27,8 % en 2024-2025, à 3 570 milliards de yens. Et le groupe s’attend également à une baisse prononcée de son bénéfice d’exploitation annuel (-19,7%), alors que ce résultat a lui aussi quasiment doublé sur son dernier exercice pour atteindre environ 5.353 milliards de yens (32,1 milliards d’euros). ).
Car Toyota prévoit d’investir 2 000 milliards de yens (12 milliards d’euros) lors de son nouvel exercice pour accompagner sa croissance future, dans les nouvelles motorisations (électrique, hydrogène) et le numérique (logiciels, intelligence artificielle), ainsi que dans le capital humain, dont pour ses fournisseurs et revendeurs avec lesquels elle entretient des relations très étroites.
Nouveau record de véhicules vendus
Son nouveau chiffre d’affaires annuel devrait légèrement augmenter de 2%, à 46 000 milliards de yens (276 milliards d’euros). Mais il s’agirait d’un net ralentissement par rapport à 2023-2024, où ses ventes ont bondi de 21,4% à 45.000 milliards de yens.
Toyota s’attend même à un léger repli de ses ventes mondiales en volume (-1,3% sur un an à 10,95 millions d’unités), notamment en raison du recul attendu des ventes au Japon de sa filiale Daihatsu, affectée depuis la fin de l’année dernière par un scandale d’irrégularités dans les certifications de ses véhicules sur le marché japonais.
En 2023-2024, le groupe (marques Toyota, Lexus, Daihatsu et Hino) a vendu plus de 11 millions de véhicules (+5% sur un an), un nouveau record. Portées par ses modèles hybrides, segment dans lequel Toyota excelle, ses ventes ont été particulièrement dynamiques en Amérique du Nord, en Europe et au Japon.
Une concurrence féroce en Chine
En Chine, où tous les constructeurs automobiles étrangers peinent à rester compétitifs face à des concurrents locaux devenus redoutables et champions du secteur électrique comme BYD, Toyota a résisté en 2023-1024 en réalisant une petite hausse de ses ventes en volume (+1, 4 %).
Mais Toyota se sent sérieusement menacé en Chine, et c’est une des raisons pour lesquelles elle a décidé d’investir autant dans les nouvelles technologies pour son prochain exercice.
“Nous devons accepter qu’il y a certains domaines dans lesquels nous sommes clairement en retard” par rapport aux constructeurs chinois, a reconnu Yoichi Miyazaki, vice-président exécutif de Toyota, lors d’une conférence de presse mercredi.
« Nous savons que nous ne pouvons pas laisser cet écart se creuser davantage », a-t-il ajouté. Yoichi Miyazaki a souligné que la guerre des prix imposée par les constructeurs chinois « devient chaque jour de plus en plus sévère ».
Des ventes encore modestes pour les voitures 100% électriques
Si les ventes mondiales 100 % électriques de Toyota ont triplé sur un an, elles restent néanmoins modestes (environ 117 000 véhicules en 2023/24), comparées aux 3,7 millions de véhicules hybrides vendus sur la même période.
Le groupe s’est lancé sur le segment électrique plus tard que les autres grands constructeurs et continue de se concentrer en parallèle sur d’autres motorisations, pour s’adapter aux différents degrés de transition énergétique dans le monde.
Si cette stratégie lui permet de mieux diversifier les risques, elle lui impose en même temps de continuer à investir sur tous les fronts.
Pour protéger ses actionnaires, Toyota a également annoncé mercredi un plan géant de rachat de ses propres actions pour un montant maximum de 1.000 milliards de yens en 2024-2025 (6 milliards d’euros au cours actuel) et une augmentation de 25% de ses dividendes pour les derniers résultats financiers. an, à 75 yens par action.
Mais cela n’a pas empêché son action de terminer la séance légèrement dans le rouge (-0,55%) mercredi, à la Bourse de Tokyo.
