Quatre ans après le début de la crise sanitaire du Covid-19, il ne sera bientôt plus possible d’obtenir une injection d’AstraZeneca. Le géant pharmaceutique britannique a annoncé mercredi retirer de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l’un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, justifiant ce choix par une baisse de la demande.
Le groupe fait état d’un “excédent de vaccins mis à jour” face aux différents variants du virus, et d’une “baisse de la demande de Vaxzevria, qui n’est plus fabriqué ni distribué”, dans un communiqué. “AstraZeneca a donc pris la décision d’engager le retrait de l’autorisation de mise sur le marché de Vaxzevria en Europe”, selon ce communiqué reçu mercredi par l’AFP.
« Conclure ce chapitre »
L’autorité européenne des médicaments, l’EMA, a écrit mardi sur son site internet que l’autorisation de vente de Vaxzevria avait été retirée “à la demande du titulaire de l’autorisation de mise sur le marché”, à savoir le laboratoire pharmaceutique.
Le groupe « travaillera également avec d’autres régulateurs dans le monde pour initier les retraits des autorisations de mise sur le marché de Vaxzevria là où il n’y a pas de demande future attendue pour le vaccin », a-t-il précisé, disant vouloir « conclure ce chapitre ». Une Source proche du géant pharmaceutique a souligné qu’il n’y avait “pas eu de ventes depuis un certain temps”.
Malgré ce retrait, “nous sommes incroyablement fiers du rôle qu’a joué Vaxzevria dans la fin de la pandémie”, ajoute le communiqué qui affirme que “selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées au cours de la seule première année d’utilisation” du le sérum, « et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde ».
Si le bénéfice d’AstraZeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré notamment par les ventes en oncologie, le groupe faisait état depuis des mois d’une baisse constante des ventes de médicaments liés au Covid – tout comme son rival GSK, qui avait été largement réduit. laissés pour compte dans la course au développement d’un vaccin.
Série de revers
Ce vaccin, l’un des tout premiers sur le marché même si les sérums n’étaient pas la spécialité d’AstraZeneca, avait essuyé plusieurs déboires, dont un feu vert pour une commercialisation qui n’est jamais arrivée aux Etats-Unis. Il a également connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des suspicions de risques accrus de thrombose suite à plusieurs décès.
AstraZeneca affirme avoir mis à jour les informations sur Vaxzevria en avril 2021 pour inclure la possibilité qu’il puisse déclencher une thrombose dans de rares cas, avec l’accord du régulateur britannique MHRA. Le Royaume-Uni, qui s’est d’abord appuyé sur Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-covid, l’a ensuite remplacé par des sérums concurrents.
Le groupe souligne régulièrement que les régulateurs et les différents États ayant autorisé le vaccin ont estimé que « les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d’effets secondaires rarissimes ».
Le quotidien britannique The Telegraph a toutefois révélé que le laboratoire avait admis ces derniers mois dans des documents judiciaires que le vaccin provoquait des effets secondaires tels que des caillots sanguins et une faible numération plaquettaire. Il a déclaré que son sérum « peut, dans de très rares cas, provoquer un TTTS », un syndrome de thrombose thrombocytopénie, un problème de santé grave.
AstraZeneca est poursuivi devant la Haute Cour britannique par plus de 50 victimes présumées elles-mêmes ou par leurs proches, selon le journal. Le groupe a toutefois déclaré que sa décision de retirer le vaccin n’était pas liée aux procédures judiciaires ni à l’aveu d’effets secondaires. La demande de retrait du vaccin de la société a été déposée le 5 mars et est entrée en vigueur le 7 mai, selon The Telegraph.
